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Reportage A Noirmoutier, on utilise l’eau des stations d’épuration pour l’agriculture : "Sur l’île, il n’y a pas de nappes phréatiques d’eau potable"

Une des pistes pour s’adapter au manque d’eau, c’est la réutilisation pour l’agriculture des eaux usées après épuration. Sur l’île de Noirmoutier, par exemple, elle sert pour des irrigations maraîchères.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des pommes de terre "Bonnotte" cultivées sur l'île de Noirmoutier (Vendée), qui utilise des eaux de réutilisation pour son agriculture (illustration). (LUDOVIC MARIN / AFP)

Les pieds dans la terre noire et humide, Jessica Tessier montre les petites pommes de terre germées qui vont servir de plants pour la prochaine production. "Là, ce sont vraiment les premières plantations de l’année. On est début janvier et d’ici trois mois, au mois d’avril, on pourra récolter les premières primeurs de Noirmoutier."

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Ici l’agriculture est familiale, tournée vers cette petite patate précoce. Vingt-deux familles en dépendent. Et si ça marche si bien, c’est parce qu’elles ont créé leur propre réseau d’alimentation en eau, connecté aux deux stations d’épuration de l'île. Un système courant en Israël ou en Espagne, mais encore très marginal en France. "Sur l’île de Noirmoutier, il n’y a pas de nappes phréatiques d’eau potable, explique Jessica Tessier. Sans cette eau, on n’aurait pas de solutions d’irrigation et on n’aurait jamais pu développer cette pomme de terre".

L'eau potable acheminée du continent

L’eau de Noirmoutier vient du continent par des canalisations. L’agriculture absorbe 45% de ce qui ressort après traitement des eaux usées. C’est une richesse, se félicite le président de la communauté de communes Fabien Gaborit : "Cette ressource en eau, pour un Noirmoutrin, dans son ADN, c’est quelque chose de très important. C’est de l’or ! On veut utiliser cette eau parce que le territoire n’en a jamais produit. Et donc on va essayer de l’optimiser pour avoir un modèle économique qui nous permette de développer le territoire et son agriculture par cette eau de réutilisation".

Le système date du milieu des années 1980. Les agriculteurs ont financé vingt kilomètres de canalisation pour relier les champs aux lagunes de stockage. Cela a un coût, explique Laurent Tessier, agriculteur président de l’association d’irrigation. "L’eau nous coûte assez cher, sûrement plus cher que pour les agriculteurs qui ont des réserves personnelles dans leur exploitation".

"C’est quand même moins cher : c’est 40% du prix de l’eau potable."

Laurent Tessier, président de l’association d’irrigation

à franceinfo

La limite, c’est la taille des lagunes de stockage. Elles sont dimensionnées à la surface actuelle des cultures. Le point sensible, c’est le contrôle sanitaire. "Un arrêté préfectoral nous impose un suivi régulier sur certains paramètres, explique Cyril Groslier, technicien assainissement à la communauté de communes. Dès lors qu’on a un dépassement de seuils, on se doit de stopper l’irrigation, d'avertir les irrigants et le préfet. Donc on fait des analyses toutes les semaines en période d’irrigation sur, notamment, Escherichia coli et les matières en suspension. L’élément le plus compliqué à gérer, c’est la bactériologie."

Le partage de l’eau est simplifié avec ce système. C’est paradoxal : plus il y a d’habitants et plus il y a d’eau usée traitée pour l’agriculture en sortie des stations d’épuration.

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