Un convoi de déchets nucléaires, c'est dangereux ?
Un train de onze wagons a quitté mercredi la Manche pour l'Allemagne. Ce transport, comme d'autres auparavant, provoque la colère des écologistes opposés au nucléaire. FTVi s'est penché sur la question du risque.
Cocktails Molotov d'un côté, gaz lacrymogènes de l'autre, la tension a été vive mercredi 23 novembre à Valognes, dans la Manche. Entre 400 et 500 militants écologistes antinucléaires, selon les organisateurs, ont violemment protesté contre le transport de déchets nucléaires retraités par Areva pour Gorleben, en Allemagne. Les affrontements entre police et militants ont fait trois blessés légers et débouché sur seize arrestations.
Les antinucléaires ont dénoncé la dangerosité de ce convoi. De quoi est fait ce train et quels sont les risques liés à ce transfert ? Eléments de réponse.
Que contient le convoi ?
Le procédé de retraitement de l'usine de La Hague (Manche) sépare les trois composantes du combustible nucléaire usé : le plutonium, recyclé dans la filière MOX, l'uranium, réutilisé dans les centrales, et des produits de fission et d'activation, les plus dangereux. Ces derniers ne peuvent être recyclés. Ils sont donc enfouis en profondeur. Ce sont ces résidus ultimes que transporte le convoi : produits par les centrales allemandes, ils sont retraités par Areva dans le cadre d'un accord industriel, puis renvoyés vers leur pays d'origine avant d'être enterrés.
Le convoi de mercredi comporte onze wagons. D'abord coulés dans des blocs de verre, les déchets sont ensuite placés dans des conteneurs en acier inoxydable, eux-mêmes regroupés dans un deuxième emballage en acier appelé Castor (Cask for storage and transport of radioactive material). Ce double emballage représente au total une épaisseur d'acier de 40 cm environ.
Réglementé par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'empaquetage Castor doit être capable de résister à une chute de 9 mètres sur une surface indéformable et à une température de 800°C. Les transports français, dont Areva doit garantir la sécurité, font en outre l'objet d'inspections de l'Autorité de sûreté nucléaire.
Constitue-t-il un danger ?
Le réseau Sortir du nucléaire explique sur son site internet que "l’activité globale de ces déchets vitrifiés sera de 3756 PBq, soit l’équivalent de plusieurs fois la radioactivité totale libérée lors des catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima". Cette radioactivité correspond à celle émise à l'intérieur des emballages. Or ceux-ci sont conçus pour limiter les radiations aux abords des wagons. Mesurées par Areva et par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) à chaque convoi, elles doivent être au maximum de 0,1 millisievert par heure (mSv/h) à deux mètres des wagons.
Lors d'un convoi similaire en 2010, les valeurs maximales mesurées étaient de 0,07 mSv/h. "Il aurait fallu rester plus de quatorze heures à deux mètres d’un wagon pour atteindre la dose reçue lors d’une radio du bassin, soit 1 mSv", explique Areva.
En pratique, seuls des scénarios accidentels particulièrement catastrophiques pourraient provoquer une fuite. Un rapport commandé par Greenpeace et daté de 2003 en listait quelques-uns. Conclusion : ce type de convoi, certes à risque, "n'est pas dangereux" selon les experts, comme l'expliquait en 2010 au Monde.fr Thierry Charles, de l'IRSN.
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