: Vidéo Plus de 700 dauphins morts échoués sur la côte atlantique : "C'est la partie émergée de l'iceberg", s'inquiète un biologiste
Selon Olivier Van Canneyt, biologiste à l'observatoire Pelagis de La Rochelle, ce sont 3 à 4 000 dauphins qui ont été tués dans le golfe de Gascogne, pêchés par accident pour la plupart.
Depuis le début de l'année, plus de 700 cadavres de dauphins ont été découverts échoués sur la côte atlantique, en particulier en Gironde, en Charente-Maritime et en Vendée. "On va approcher les 800 d'ici la fin de la semaine", évalue Olivier Van Canneyt, biologiste à l'Observatoire Pelagis, rattaché au CNRS et à l'université de La Rochelle. "On en trouve tous les jours", souligne le chercheur. "Au plus haut des pics, on peut tourner à 20 à 30 échouages signalés par jour."
C'est la partie émergée de l'iceberg. Tout ce qui meurt en mer ne s'échoue pas. Quand on a 7 à 800 échouages au cours d'un hiver, ça peut représenter 3 à 4 000 animaux morts en mer.
Olivier Van Canneyt, biologiste à l'Observatoire Pelagisà franceinfo.fr
Les dépouilles autopsiées révèlent que la plupart des cétacés sont morts en mer, pêchés par accident, pointe le scientifique interrogé par franceinfo. Les nageoires sont souvent entaillées par les mailles des filets, quand elles ne sont pas tranchées par les couteaux des pêcheurs qui dégagent les dauphins de leurs rets. Les estomacs sont également fréquemment pleins de poissons, signe que les dauphins étaient en train de se nourrir quand ils ont été capturés. Les scientifiques notent aussi les symptômes caractérisitiques d'asphyxie.
Un phénomène connu "depuis plus de vingt ans"
En hiver, environ 200 000 dauphins viennent se nourrir dans le golfe de Gascogne, plus près du littoral. Les pêcheurs, eux, y déploient leurs filets. Et marins comme cétacés y chassent les mêmes proies. Les dauphins se font alors prendre au piège. Le phénomène, "connu depuis plus de vingt ans", est "constant chaque hiver", mais il s'est surtout "intensifié ces quatre dernières années", selon le biologiste. L'ONG Sea Shepherd, qui dénonce ces captures accidentelles de dauphins, a suivi des pêcheurs et filmé la remontée d'un filet avec un dauphin piégé au large de Lacanau, fin février.
Une menace pour l'espèce
Après expérimentation, une solution imparfaite a été trouvée : le "pinger". Cet appareil cylindrique émet un signal sonore qui se propage sous l'eau et repousse les dauphins, qui ne le tolèrent pas. "Ça a été testé, ça a montré son efficacité et cet hiver les pêcheurs ont décidé de les mettre de manière volontaire sur leurs chaluts", note Olivier Van Canneyt. Mais le répulsif acoustique, efficace dans le cas de la flottille d'une trentaine de chalutiers français, "n'est pas adapté", pointe l'expert, pour l'autre type de pêche qui nuit aux dauphins : celle au filet maillant calé. Il faudrait que les centaines de pêcheurs français fixent une myriade de "pingers" le long des kilomètres de ces filets déployés dans le golfe. Autre obstacle, note le chercheur : "Cela créerait des zones d'exclusion très importantes pour les cétacés."
Olivier Van Canneyt liste plusieurs pistes à l'étude : rendre les filets détectables par les dauphins, travailler sur les dimensions de ces filets, voire changer les tactiques de pêche. En attendant, les chaluts et filets maillants continuent de tuer des dauphins. "A terme, on pense que ce ne serait pas tenable, si ça continue de cette manière-là", avertit le scientifique. L'espèce pourrait donc être menacée. "Ce sont des animaux qui ont un taux de croissance faible, un taux de reproduction faible, les dauphins, ça ne se reproduit pas comme les anchois. Une femelle, au cours de sa vie, va mettre au monde cinq à six petits, sur une période de vingt à vingt-cinq ans", fait valoir le biologiste. "Ça met du temps à se remettre d'un déclin et si un jour on était capable d'identifier ce déclin à travers les chiffres et les estimations, il serait probablement trop tard."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.