Derrière Fagor, la «belle» histoire de la plus grande coopérative du monde
Fagor compte treize usines dans cinq pays : Espagne, France, Pologne, Maroc et Chine. Au premier semestre 2013, le groupe a essuyé une perte de 60 millions d’euros, trois fois plus qu’au premier semestre 2012, et son chiffre d’affaires a chuté de 19% à 491 millions.
Mais au delà des chiffres et de sa situation difficile, l’originalité de Fagor, un des tous premiers groupes d'électroménager européens après le rachat de Brandt, est d’être une filiale du groupe coopératif espagnol Mondragon.
Mondragon Corporacion Cooperativa (MCC) a tout pour surprendre. Il s’agit en effet d’un groupe coopératif dont les salariés sont les actionnaires. Il se décrit comme le «plus grand groupe coopératif au monde» qui en 2005 était le cinquième conglomérat industriel espagnol, regroupant aussi bien des entreprises de construction, de machines-outils, de distribution, de finance ou… d'électroménager. Il faut dire que le groupe coopératif Mondragón pèse lourd. Il compte 83.569 personnes, 270 entreprises, un CA de 13,696 milliards d'euros (chiffres 2011).
L'histoire de ce groupe mérite d'être comptée. «C'est en 1956, au Pays basque, que débute l'histoire de MCC, quand un jeune prêtre, José Maria Arizmendiarrieta, aide des jeunes sortis de son école professionnelle à monter leur premier atelier coopératif à Mondragon: on y fabrique des poêles et des réchauds à pétrole. Suit un atelier d'électronique, puis d'autres, grâce à la création d'une coopérative de crédit qui finance avec succès l'expansion du mouvement coopératif» racontait l’Express en 2005.
Mais le statut particulier de MCC n'a pas empêché le groupe d'évoluer. Il joue miantenant dans la cour des grands, en appliquant les règles de la concurrence internationale. Avec pour conséquences des délocalisations en Chine. «Pourquoi le fait d'être une coopérative devrait-il nous empêcher de gagner des marchés? demande Jesus Catania, président de MCC, affichant des prévisions de croissance de 10%. Nous sommes une entreprise comme les autres. La différence, chez nous, c'est que tous les salariés sont capitalistes», affirmait-il.
L’entreprise des débuts n'a cessé de grossir, accompagnant la croissance espagnole, mais aussi la bulle immobilière.
«La redistribution des dividendes et l’économie sociale n’empêchent pas les problèmes
inhérents à la mondialisation du groupe. Et de fait, les coopératives de MCC appliquent aux filières étrangères (qui représentent plus de la moitié de leurs effectifs) le principe qu’elles refusent pour elles-mêmes, à savoir la loi dictée par des actionnaires extérieurs», note l'Humanité.
«Parmi ces vieilles habitudes, il y avait l'idée, enracinée dans le personnel mais aussi chez les gérants, que le groupe serait toujours là pour dispenser ses attentions et, surtout, de l'argent de celle qui était après tout le "joyau de la couronne". La vraie révolution qui a scellé la crise de Fagor, ce fut précisément quand "papa Mondragón" a pour la première fois de son histoire décidé de regarder d'autres de ses "enfants"- d'autres coopératives qui en ont eu assez de déverser de l'argent pour tenter de combler un trou insondable», explique le journal espagnol El Correo.
Les décisions du groupe «sont aujourd’hui dans la mouvance de n’importe quelle multinationale capitaliste », analyse Paul Briglia, syndicaliste CGT de FagorBrandt, qui se souvient encore de cette phrase d’un responsable espagnol, venu en France en 2005 : « Il nous a dit : “Nous sommes les actionnaires et nous n’avons pas les mêmes intérêts.” », indique l'Huma.
Une attitude qui devrait être fatale à Fagor et à des milliers d'emplois.
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