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Juan Carlos abdique: ce qu'en dit la presse espagnole

Le roi d’Espagne Juan Carlos a annoncé le 2 juin 2014 qu’il abdiquait en faveur de son fils Felipe. Il lui laisse la lourde tâche d’impulser le «renouveau» de la monarchie. Une monarchie dont le bilan est en demi-teinte, constate la presse espagnole.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le roi d'Espagne Juan Carlos (ici à Mostar en Bosnie le 20 mars 2012 pour une cérémonie en l'honneur des 21 casques bleus espagnols morts dans ce pays).  (Reuters - Srdjan Zivulovic)

Tous les journaux en ligne consacraient le 2 juin la majeure partie de leurs pages d’accueil à la décision royale. Avec des titres énormes, expression de la surprise de la presse. Et les photos d’un monarque vieillissant.

Des photos qui parlent d’elles-mêmes. Car Juan Carlos laisse apparemment un souvenir mitigé. Le journal monarchiste et conservateur ABC dresse le portrait d’un roi qui s’est «forgé dans l’adversité». Un roi qui «abandonne le trône l’esprit tranquille sachant que son fils (…) est préparé pour lui succéder très normalement». ABC évoque cependant «les dernières années d’un règne qui (…) n’ont pas été faciles» en raison des scandales qui l’ont marqué.

La monarchie se trouve «à la pire période de sa popularité», constate, chiffres à l’appui, El Pais (centre gauche). «Le roi n’a pas surmonté le stress (…) liée aux graves crises qui ont atteint son image et sa réputation, et que son entourage ou lui-même avaient provoquées. Il abdique parce qu’il ne peut plus rien faire», commente le plus grand quotidien espagnol.

Pour El Mundo, journal indépendant, il est impossible d’oublier que Juan Carlos a su gagner «le respect et l’admiration avec son intervention télévisée» lors du coup d’Etat du 23 février 1981». Son attitude «a marqué un avant et un après dans l’image que les Espagnols avaient de la monarchie à l’époque». Rendant hommage à son action diplomatique, le journal pense que même si la popularité «de la monarchie a atteint des niveaux historiquement très bas, on ne s’attendait pas à ce que le roi décide de mettre fin à son règne».

Au final, Juan Carlos fut «un roi nécessaire», explique l’éditorial d’El Pais. «Personne ne peut nier les services rendus aux Espagnols. A commencer par sa «première grande décision de renoncer aux pouvoirs absolus hérités du dictateur» Franco. Décision qui a «permis de mettre en place la démocratie et d’élaborer la Constitution» espagnole. L’une de ses autres grandes décisions fut précisément «d’abdiquer».

Et maintenant ? «La stabilité institutionnelle est garantie et les mécanismes de la succession sont prévus», pense El Periodico (journal qui privilégie les enquêtes et les éditoriaux). Mais avec une nouvelle monarchie va-t-on vers «une prolongation de la situation actuelle ou une refondation ?», se demande le quotidien.
 
Pour le quotidien catalan La Vanguardia, il n’y a pas de doute, l’abdication du roi est «une nouvelle étape politique, institutionnelle et sociale». «Sans aucun doute, nous nous trouvons à un moment très important de l’histoire de l’Espagne démocratique, décisif pour l’avenir», explique-t-il dans un éditorial teinté d’optimisme.

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