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La monarchie espagnole minée par les scandales

La fille cadette du roi d’Espagne, l’infante Cristina, va devoir s’expliquer le 27 avril devant la justice dans l’enquête pour corruption qui vise son époux, Iñaki Urdangarin. Un rebondissement spectaculaire dans un scandale qui, avec d’autres, contribue à ternir l’image de la monarchie espagnole dans un pays ébranlé par la crise.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le roi d'Espagne, Juan Carlos, quittant l'hôpital San José à Madrid, le 18 avril 2012, après s'être fracturé la hanche au Botswana. (AFP - Paco Combos POOL )

Cristina, 47 ans, septième dans l’ordre de succession du trône, est le premier membre de la famille royale mis en cause dans l’enquête conduite par le juge José Castro. Lequel la soupçonne de «coopération» avec son mari. Ce dernier, 45 ans, ancien champion olympique de handball reconverti dans le business, est poursuivi pour fraude fiscale et détournement de plusieurs millions d’euros d’argent public.

Les malversations auraient eu lieu par l’intermédiaire de l’institut Noos, spécialisé dans l’organisation d’évènements sportifs. Celui-ci proposait ses services aux collectivités locales des îles Baléares et de la région de Valence (centre-est).
 
Depuis plusieurs mois, l’affaire se rapprochait dangereusement de la Maison royale, qui «ne fait aucun commentaire sur les décisions de justice». Par le biais de révélations distillées au goutte-à-goutte dans la presse, l’ex-associé d'Iñaki Urdangarin, Diego Torres, a tenté de mouiller le roi lui-même. Dans son arrêt, publié le 3 avril, le juge laisse entendre que Cristina a pu «consentir à ce que son lien de parenté avec le roi Juan Carlos soit utilisé» par son époux et Diego Torres.

L'infante d'Espagne avec son mari, Iñaki Urdangarin, lors de l'open de tennis de Barcelone, le 29 avril 2007. (REUTERS - Albert Gea )

Le souverain n’avait pas besoin de cela… Il y a un an, l’Espagne apprenait que Juan Carlos s’était fracturé la hanche au Botswana, où il se livrait à la chasse à l’éléphant. Un safari qui n’était apparemment pas à la charge du contribuable. Mais qui a eu du mal à passer dans un pays étranglé par l’austérité. Dans ce contexte, la publication dans la presse d’une photo du roi posant devant un éléphant mort a profondément choqué l’opinion… 

La monarchie avait alors multiplié les actes de contrition. A la télévision, le visage grave, le roi, chasseur invétéré, s’était excusé publiquement: «Je me suis trompé et cela ne se reproduira pas», avait-il alors promis à sa sortie de l’hôpital où il avait été opéré pour une prothèse de hanche après sa blessure africaine. En juillet 2012, il avait annoncé une baisse de son salaire annuel de 7,%, correspondant à 20.910 euros. Autant d’efforts annihilés par l’évolution du scandale Noos…
 
Jusque-là, Juan Carlos, perçu comme un homme simple et accessible, était très respecté par ses concitoyens pour avoir conduit la transition démocratique après la fin de la dictature franquiste en 1975.

L’image s’est donc fissurée. Et avec elle, celle de la monarchie espagnole. Selon un sondage Sigma Dos pour le journal El Mundo (centre droit), publié en janvier 2013, le soutien à la famille royale est tombé «à un minimum historique de 54%». Plus préoccupant, peut-être, 57,8% des sondés entre 18 et 29 ans, pour qui le franquisme et la transition démocratique appartiennent au passé, ne pensent pas que la royauté soit la meilleure forme de gouvernement pour l’Espagne.

Conséquence : «La pensée républicaine fait du chemin et est maintenant perçue comme une alternative parfaitement logique», commente l’historien Angel Bahamonde, cité par l’AFP… 

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