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Election en Catalogne : la drôle de campagne menée à distance par le camp des indépendantistes

Pour les élections régionales de jeudi, les partisans de la République catalane ont fait campagne, privés de leurs chefs, en prison ou en exil. 

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marta Rovira, numéro 2 de la Gauche républicaine catalane, en campagne le 19 décembre 2017 à San Vicenç, alors que son leader Oriol Junqueras est incarcéré.  (LLUIS GENE / AFP)

En Catalogne, les électeurs décideront, jeudi 21 décembre, s'ils veulent maintenir les indépendantistes au pouvoir. La drôle de campagne de ce scrutin régional a pris fin mardi 19 décembre, alors que les principaux leaders sont absents, soit en prison, comme Oriol Junqueras, vice-président catalan, soit en exil, comme le président catalan destitué, Carles Puigdemont. 

Le dernier meeting des camarades d’Oriol Junqueras, tête de liste du parti indépendantiste la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), s’est tenu à Sant Vicenç, à une vingtaine de kilomètres de Barcelone, en son absence. Seule la voix du leader retentit. Son message, au téléphone, est applaudi dans sa ville, là où ses partisans ont choisi symboliquement de se réunir. Oriol Junqueras parle depuis la prison d’Estremera, près de Madrid. Incarcéré pour sédition et rébellion depuis le 2 novembre dernier dans une cellule pour deux de 12 mètres carrés, il tente d’exister politiquement. Le moment a été difficile à vivre pour ses camarades, se souvient Sergi Sabria, député catalan et porte-parole de la Gauche républicaine.

Les gens montaient à la tribune avec tristesse. Et peu à peu, nous avons compris que le mieux à faire pour les gens en prison, c’était de gagner cette élection. Notre campagne est clairement passée du négatif au positif.

Sergi Sabria, porte-parole de la Gauche républicaine catalane

à franceinfo

Avec une visite autorisée par semaine, 10 appels de 5 minutes, un accès limité à internet et réglementé au courrier, la tête de liste fait campagne comme elle peut, explique Sergi Sabria. "Oriol Junqueras a écrit des lettres, il a pu téléphoner un peu, utiliser les réseaux sociaux. On a diffusé des photos et des vidéos pour que les gens s’en souviennent", dit-il.  

A la tribune, Marta Rovira appelle tous les candidats à la rejoindre sur scène. Numéro 2 du parti, elle a reçu pour mission de mener la campagne sur le terrain. Dans le public, Mirella approuve, mais regrette l'absence du leader. "Marta a eu un rôle difficile à assumer, estime Mirella, dans le public du meeting. Et elle l’a très bien fait. Mais évidemment, elle n’est pas tête de liste. Dans les débats, Oriol Junqueras n’a pas pu donner directement le message."

Les 2 000 personnes venues assister au meeting crient "Libertat", comme au temps des prisonniers politiques du franquisme. Beaucoup portent du jaune. Ruban à la boutonnière ou bonnet, écharpe et même chaussures jaunes pour Jordi.

Le jaune, c’est la couleur pour les prisonniers politiques. Des gens qui n’ont rien fait sont incarcérés alors qu’en face, des gens du Parti populaire poursuivis pour corruption sont dehors.

Jordi, partisan de la Gauche républicaine de Catalogne

à franceinfo

Même derrière les barreaux, le charisme d'Oriol Junqueras semble avoir son effet. Dans les derniers sondages de campagne, il devance l’autre grand candidat indépendantiste. Fuyant la justice espagnole, l’ex président catalan fait, lui, campagne depuis Bruxelles et par vidéo, en direct ou en différé sur internet. Au terme de cette campagne inédite, les partis indépendantistes sont au coude à coude avec les unionistes.

L'étrange campagne des indépendantistes en Catalogne : un reportage de Grégoire Lecalot

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