Allemagne : le président de région élu grâce aux voix de l'extrême droite va démissionner, de nouvelles élections prévues
Le geste de Thomas Kemmerich (parti libéral FDP) devrait ouvrir la voie à de nouvelles élections dans cette région de l'ex-RDA.
Il n'aura été président de région que l'espace d'une journée. Le dirigeant controversé de la région allemande de Thuringe, Thomas Kemmerich (du parti libéral FDP, centre droit), va démissionner de ses fonctions au lendemain de son élection grâce aux voix combinées de l'extrême droite (AfD) et du parti conservateur d'Angela Merkel (CDU), a indiqué jeudi 6 février sa formation politique.
"La démission est inévitable (...) nous avons décidé de demander la dissolution du parlement de Thuringe", a affirmé le ministre-président Thomas Kemmerich, lors d'une conférence de presse. "Nous souhaitons ainsi provoquer de nouvelles élections afin d'enlever le stigmate lié au soutien de l'AfD", selon lui, ajoutant que "les démocrates ont besoin de majorités démocratiques qui ne peuvent évidemment pas être obtenues dans ce parlement".
"Un travail conjoint avec l'AfD n'a pas existé, n'existe pas et n'existera pas", a-t-il précisé, expliquant avoir effectué ce choix "sans pression". Il a cependant changé d'avis après s'être entretenu avec le dirigeant national du parti FDP, Christian Lindner venu de Berlin, alors que la veille il avait catégoriquement refusé de démissionner malgré les nombreux appels en ce sens.
"Une mauvaise journée pour la démocratie"
La chancelière allemande, Angela Merkel, avait vivement condamné, plus tôt jeudi, l'alliance électorale inédite conclue entre son parti et l'extrême droite, dans le Land de Thuringe, qui a provoqué un séisme politique dans le pays. "C'est un acte impardonnable", a-t-elle dénoncé. "Le résultat [de cette élection] doit être annulé", a estimé avec grande fermeté la chancelière, en déplacement en Afrique du Sud. "Il est question de nouvelles élections, c'est une option", avait-elle ajouté.
Jusque-là, la droite modérée allemande avait toujours exclu toute alliance ou coopération avec le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne, qui de surcroît a fait de la chancelière allemande et de sa politique migratoire sa principale cible. En s'affranchissant de cette consigne nationale, les élus régionaux du parti d'Angela Merkel (CDU) ont "enfreint les convictions fondamentales" du parti démocrate-chrétien, fondé après la période nazie. Il s'agit d'une "mauvaise journée pour la démocratie", avait conclu la chancelière.
L'épisode en Thuringe a ranimé en Allemagne le souvenir des années 1930, lorsque le parti d'Adolf Hitler avait réussi, y compris via des alliances avec la droite traditionnelle, à peu à peu parvenir au pouvoir. "Tout doit être entrepris à présent pour montrer clairement que ce à quoi croit la CDU" ne peut pas être associé à l'extrême droite, avait ajouté la chancelière.
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