Allemagne: les Verts jugent l'Algérie, la Tunisie et le Maroc «pays pas sûrs»
Lors de sa séance plénière, le Bundesrat (chambre haute du Parlement allemand) a retiré de son ordre du jour le débat sur le projet du gouvernement de classer la Tunisie, le Maroc et l'Algérie «pays sûrs» afin de faciliter le rejet des demandes d'asile de leurs ressortissants. Motif: l'opposition des Verts à cette réforme voulue par la chancelière Angela Merkel. Classer un pays comme «sûr» permet d'accélérer la procédure d'examen de la demande d'asile d'un ressortissant d'un tel Etat et permet ainsi aux autorités de lui imposer un lieu de résidence durant cette procédure afin de pouvoir plus facilement procéder à une expulsion.
Après les agressions sexuelles du Nouvel an à Cologne attribuées à des étrangers, notamment marocains et algériens, la chancelière voulait accélérer l’expulsion des déboutés d’asile. Lors de la visite du Premier ministre algérien à Berlin le 12 janvier 2016, Angela Merkel lui a fait part de son impatience que «les ressortissants algériens déboutés du droit d’asile en Allemagne soient renvoyés plus rapidement qu’aujourd’hui dans leur pays.»
Son homologue n’avait posé qu’une condition : «il faudra naturellement s’assurer qu’il s’agit bien d’Algériens.»
Bundesrat verschiebt Entscheidung über die Einstufung von Algerien, Tunesien & Marokko als sichere Herkunftsländer. https://t.co/zeQzidWjCL
— WDR 5 (@wdr5) June 17, 2016
Selon le quotidien arabophone Ennahar, l’Allemagne aurait expulsé 2.300 Algériens en situation irrégulière depuis janvier 2016. Le Maroc a, lui aussi, donné son accord pour faciliter le rapatriement de ses ressortissants déboutés du droit d’asile.
En 2015, près de 26.000 personnes originaires d'Afrique du Nord sont arrivées en Allemagne et seule une poignée a vu sa demande d'asile acceptée. «La police algérienne est disposée à coopérer avec la police allemande afin de trouver une solution au problème des Algériens installés clandestinement en Allemagne», a affirmé le directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, à son homologue allemand Dieter Romann. Même son de cloche à Rabat.
Marokko, Tunesien und Algerien sind #nichtsicher @RegierungBW @RegHessen @gjbw @gruene_jugend pic.twitter.com/kBexPByPpG
— Nina Eisenhardt (@green_nina) June 15, 2016
Les Verts allemands (Die Grünen) refusent de classer les trois pays d’Afrique du Nord comme «sûrs» à cause des discriminations visant les homosexuels, les atteintes à la liberté d’expression et les cas de tortures qui y sont recensés. Le parti de la chancelière, la CDU, promet de trouver bientôt une nouvelle majorité pour faire passer son projet. L’opinion allemande, inquiète de l’afflux incessant des réfugiés, s’est retournée contre Angela Merkel.
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