Allemagne : percée de l'extrême droite dans l'un des fiefs de l'AfD
Selon les estimations, l'Alternative pour l'Allemagne arrive en deuxième position avec 24%, derrière la gauche radicale.
L'extrême droite allemande, emmenée par sa figure la plus radicale, a enregistré une nouvelle forte progression lors d'un scrutin régional, dimanche 27 octobre, qui confirme aussi le repli des partis traditionnels de gouvernement comme celui de la chancelière Angela Merkel.
Selon les estimations des chaînes de télévision publique, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) est avec près de 24% arrivée en deuxième position lors de l'élection régionale en Thuringe, dans l'ex-Allemagne de l'est communiste, faisant plus que doubler son score du précédent scrutin de 2014. L'Afd arrive derrière la gauche radicale, Die Linke, qui obtient un peu moins de 30%.
"Résultat douloureux"
Le parti anti-migrants et eurosceptique devance les conservateurs (CDU) de la chancelière. Ces derniers perdent plus de 10 points, obtenant seulement autour de 22%, dans ce Land qu'ils ont jadis dominé sans partage. Il s'agit de leur plus mauvais score jamais réalisé dans cette région depuis la réunification allemande en 1990. Leur chef de file en Thuringe Mike Mohring a reconnu un "résultat douloureux".
L'extrême droite a elle parlé d'un "séisme" électoral en sa faveur. Sa figure de proue dans cette région, Björn Höcke, tenant de l'aile plus droitière du mouvement, a estimé que l'AfD, en progression constante depuis 2015 et l'arrivée de centaines de milliers de migrants dans le pays, était "en train de devenir un grand parti populaire national". L'Est de l'Allemagne confirme avec la Thuringe son statut de bastion du parti.
La gauche radicale en tête
En Thuringe, c'est l'actuel chef du gouvernement régional, Bodo Ramelow, membre de la gauche radicale, qui est arrivé en tête, avec un peu moins de 30%, un score en progression. Cet ancien syndicaliste a bâti son succès sur son ancrage local et une politique très pragmatique, où il n'hésite pas à privilégier des thématiques chères aux conservateurs comme la sécurité, plus que sur les slogans de son parti à Berlin dont il s'est distancé.
Il lui sera difficile toutefois de se maintenir au pouvoir car ses deux partenaires actuels de coalition, les sociaux-démocrates du SPD et les écologistes, ont fortement baissé, à respectivement un peu plus de 8% et 5,5%. Ils ne sont plus en mesure de lui fournir une majorité. Et dans le même temps, le parti conservateur refuse de gouverner tant avec la gauche radicale qu'avec l'extrême droite. Ce qui pourrait bloquer toute formation de coalition majoritaire.
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