Ce que l'on sait de l'attaque meurtrière revendiquée par le groupe Etat islamique lors d'une fête communale à Solingen, en Allemagne
Les festivités ont tourné au drame. Une attaque au couteau a fait trois morts et plusieurs blessés vendredi 23 août lors d'une fête communale à Solingen, dans l'ouest de l'Allemagne. Le groupe Etat islamique a revendiqué l'opération, quelques heures avant qu'un homme se rende à la police et avoue les faits. Il a ensuie été placé en détention provisoire. Voici ce que l'on sait de cette attaque qui a plongé le pays dans l'effroi.
Une attaque meurtrière pendant une fête locale
Des milliers de spectateurs étaient rassemblés, vendredi soir, devant une scène montée dans le centre de Solingen, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans l'ouest de l'Allemagne. Cette ville de quelque 160 000 habitants entamait les festivités autour de son 650e anniversaire.
Il était environ 21h40 quand un homme armé d'un couteau, "sorti de nulle part", "a poignardé des gens au hasard et les a tués", a décrit le ministre régional de l'Intérieur Herbert Reul, qui s'est rendu sur place. Selon le quotidien local Solinger Tageblatt, un membre de l'organisation est monté sur scène peu après 22 heures pour interrompre le concert. Expliquant que les secours tentaient de sauver la vie de personnes attaquées au couteau, il a invité le public à quitter les lieux. "Les gens ont quitté la place sous le choc, mais dans le calme", a témoigné dans ce même quotidien Philipp Müller, l'un des organisateurs.
Un témoin affirme également au Solinger Tageblatt s'être trouvé à quelques mètres de l'attaque, et avoir compris "à l'expression du visage de la chanteuse que quelque chose n'allait pas". "Et puis, à un mètre de moi, une personne est tombée", raconte cet homme, Lars Breitzke. En se retournant, il a vu des personnes allongées sur le sol et plusieurs flaques de sang.
Trois personnes tuées et huit blessés
Deux hommes âgés de 56 et 67 ans et une femme de 56 ans ont été tués et huit personnes blessées dont quatre grièvement. L'assaillant a attaqué ses victimes "au niveau du cou", selon la police.
L'Etat islamique revendique l'attaque
"L'auteur de l'attaque contre un rassemblement de chrétiens dans la ville de Solingen est un soldat" de l'Etat islamique, a affirmé le groupe jihadiste dans un communiqué diffusé par son organe de propagande Amaq. L'homme a agi "pour venger les musulmans de Palestine et de partout ailleurs", ajoute le texte.
Les autorités allemandes sont sur le qui-vive ces dernières années face à une double menace terroriste, le jihadisme et l'extrémisme de droite. En août, la ministre de l'Intérieur avait annoncé vouloir bannir les couteaux de plus de six centimètres de l'espace public, certains membres de la coalition gouvernementale demandant même une interdiction totale, face à la recrudescence d'attaques à l'arme blanche.
Cette attaque survient par ailleurs dans un contexte politique. La coalition du social-démocrate Olaf Scholz affronte dans une semaine des élections régionales clés dans l'est du pays où la formation d'extrême droite AfD devance très largement les partis au gouvernement.
Un suspect a avoué les faits et a été écroué
Le principal suspect s'est rendu aux autorités et a avoué les faits, a annoncé la police locale dimanche matin. L'homme qui s'est rendu est un Syrien âgé de 26 ans. "Celui que nous avons cherché toute la journée est depuis peu en garde à vue dans nos locaux", a déclaré le ministre de l'Intérieur de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Herbert Reul, à la télévision publique. Sans donner plus de détails sur les circonstances, il a ajouté que les enquêteurs disposaient de "pièces à conviction".
Le parquet antiterroriste allemand a ensuite ordonné son placement en détention provisoire, le soupçonnant notamment d'appartenance à un "groupe terroriste" alors que l'organisation Etat islamique a revendiqué les faits. Un mandat d'arrêt vise "le ressortissant syrien Issa Al H" pour "meurtre" et "tentatives de meurtre".
Dans l'après-midi, samedi, la police de Düsseldorf avait annoncé l'arrestation d'une première personne, un adolescent de 15 ans suspecté de "non-dénonciation" d'un acte criminel. Des témoins ont rapporté l'avoir vu, peu avant les faits, discuter avec un homme considéré comme le suspect, a indiqué le procureur général de Düsseldorf, Markus Caspers. Une autre personne, arrêtée samedi soir dans un centre d'hébergement pour réfugiés de Solingen, situé non loin des lieux de l'attaque, est considérée comme "un témoin".
La classe politique allemande sous le choc
"Ce soir, nous sommes tous sous le choc à Solingen, dans l'horreur et dans une grande tristesse. Nous voulions tous célébrer ensemble l'anniversaire de notre ville et maintenant nous devons pleurer les morts et les blessés", détaille sur Facebook le maire Tim Kurzbach. "J'ai les larmes aux yeux quand je pense à ceux que nous avons perdus. Je prie pour tous ceux qui se battent encore pour leur vie."
"L'acte horrible de Solingen me bouleverse, il bouleverse notre pays", a de son côté déclaré le président Frank-Walter Steinmeier lors d'un entretien par téléphone avec le maire de la commune, comme le rapporte sa porte-parole sur le réseau social X.
BPr #Steinmeier hat heute mit Oberbürgermeister Tim Kurzbach telefoniert: "Die schreckliche Tat von #Solingen erschüttert mich, sie erschüttert unser Land. Wir trauern um die Toten und bangen um die Verletzten, denen ich von Herzen Kraft und baldige Genesung wünsche.“
— Cerstin Gammelin (@BPrSprecherin) August 24, 2024
En fin de journée, samedi, la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser s'est rendue à Solingen, appelant le pays à "rester uni" face à cet "attentat horrible". "Ne nous laissons pas diviser", a-t-elle lancé, en dénonçant "ceux qui veulent semer la haine".
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