Les libéraux allemands «très inquiets» de la situation en France
Pour Rainer Brüderle, ancien ministre de l’Economie entre 2009 et 2011 et Spitzenkandidat, en clair tête de liste du FDP pour les législatives du 22 septembre 2013, la décision du gouvernement Ayrault d’accentuer la pression fiscale était «fondamentalement erronnée».
«Je suis très inquiet pour la France», affirme le candidat libéral. «La crise dans d'autres Etats est d'une manière ou d'une autre supportable, mais si la France ne retrouve pas son équilibre, cela sera tragique. On ne peut pas agir sans la France», estime-t-il.
Aux yeux du FDP, l’Hexagone est un épouvantail. Armé du slogan «Avec nous, l’Allemagne reste forte», le FDP se définit comme le «bonificateur» de la politique des conservateurs. Il se veut aussi le défenseur des classes moyennes, son électorat traditionnel, face au «néo-collectivisme» et à «l'écolo-socialisme» des sociaux-démocrates du SPD et des verts qui souhaitent «être en charge de tout mais responsables de rien». Les libéraux les accusent de vouloir conduire l'Allemagne sur le mauvais chemin, celui des hausses d’impôts et de l’endettement. «Ils veulent mettre en place une union de la dette», estiment-ils. En clair, une union avec la France…
D’où l’«inquiétude» de Rainer Brüderle, qu’il a plusieurs fois exprimée en 2013. Car la France est «notre partenaire le plus proche», rappelait l’ancien ministre de l’Economie dans une interview à Bild en mai. Cela l’inquiète d’autant plus que «pour aborder ses problèmes de front, l’Europe a besoin d’un partenariat fort entre la France et l’Allemagne».
Le candidat reprend à son compte l’image utilisée par le magazine britannique The Economist (et bible des milieux d’affaires internationaux), lequel avait décrit la patrie de Voltaire comme «the time-bomb at the heart of Europe» («la bombe çà retardement au cœur de l’Europe»). Pour le dirigeant libéral, on peut voir en France «ce qui se passe quand une économie mise sur la redistribution, des impôts plus élevés, un temps de travail réduit et un départ précoce à la retraite» : en clair, «cela conduit à moins de croissance, à l’endettement» et «à l’affaissement de la compétitivité».
Côté compétitivité, «l’industrie française (en) perd de plus en plus», observait un document confidentiel, cité en avril 2013 par le quotidien Handelsblatt et apparemment rédigé par Rainer Brüderle et l’actuel ministre fédéral de l’Economie et des Technologies, Philipp Rösler. «Le transfert d’entreprises à l’étranger se poursuit, la rentabilité des entreprises est faible», ajoute le document. Le fait que celui-ci ait «fuité» n’est sans doute pas un hasard... Ces fuites et ces prises de positions à la hache permettent d’envoyer des signaux à l’Elysée sans impliquer directement la chancelière chrétienne-démocrate.
Ces critiques acerbes s’inscrivent évidemment dans un contexte électoral et dans le cadre tendu des relations franco-allemandes depuis le remplacement de Nicolas Sarkozy par François Hollande à l’Elysée. Il n’en demeure pas moins que la France, seconde économie de la zone euro, est entrée en légère récession lors du premier trimestre de 2013. Et le 12 juillet 2013, elle a perdu son triple A auprès de l’agence de notation Fitch Ratings… Côté allemand, on peut se dire que décidément, les inquiétudes des libéraux ont peut-être quelques fondements…
Tensions entre la France et l'Allemagne sur fond d'austérité
BFMTV, 28-4-2013
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.