: Reportage "Les gens sont parfois sous pression" : en Allemagne, il n'y a jamais eu autant d'arrêts-maladie
Dépression, mal de dos, troubles psychiques ou tout simplement gros rhume… En Allemagne, le nombre d’arrêts-maladies reste à un niveau élevé, année après année. Les médecins ont délivré, l’an passé, 30% d’arrêts de travail de plus qu’il y a dix ans et le taux d’absentéisme a atteint 6,2% (contre 5,7% en France). La Thuringe, région de l’ex-Allemagne de l’Est, compte parmi les plus touchées par le phénomène.
A Erfurt, cette semaine là, tous les salariés sont au rendez vous dans l'entreprise Bock, au grand soulagement de Sebastian Bach, le référent bien-être au travail de l'entreprise qui vend du mobilier pour les bureaux : "Nous sommes dix employés et si cinq sont absents, c'est un gros problème pour le fonctionnement de l'entreprise. Cela peut être de la toux, un rhume qui nécessite un ou deux jours d'absence. Mais en cas de maladie infectieuse plus grave, il faut parfois une ou deux semaines avant de revenir guéri."
Un programme de prévention déployé depuis 2017
La Thuringe détient le record d'arrêts-maladies : 28 jours par an et par salarié. C'est cinq de plus que la moyenne nationale. La région cumule les facteurs qui favorisent l'absentéisme : population plus âgée et bas salaires. Depuis 2017, la Caisse d'assurance maladie Barmer fait de la prévention dans les entreprises. Patrick Krug est son porte-parole en Thuringe : "Ce sont des mesures très simples, comme avoir la bonne distance entre l'œil et l'écran ou porter le casque dans le secteur du bâtiment." Il conseille aussi de "surveiller les risques liés au travail en équipe de nuit… Nous avons constaté que ces obligations ne sont pas toujours respectées, surtout dans les petites entreprises."
Dans son entreprise à Ilmenau, à trois quarts d'heure de route d'Erfurt, la capitale de la Thuringe, Steffen Bock participe à ce programme de prévention. La hauteur des bureaux est réglable, ce qui permet de travailler assis ou debout. Les salariés peuvent aussi faire des pauses dans les espaces détente : "Quand on est assis depuis deux heures devant l'ordinateur, pourquoi ne pas aller prendre un café ou un cappuccino et discuter dans une atmosphère agréable ? Les gens sont parfois sous pression à cause de la surcharge de travail ou de l'environnement. C'est pour ces raisons que certains ne veulent pas venir travailler et se mettent en arrêt maladie. Je demande toujours 'Que pouvons nous améliorer ? Quelles sont tes idées ou comment on ferait différemment si tu étais chef ?' Tout le monde devrait faire de la prévention."
Dans son entreprise d’Ilmenau, en Thuringe, Steffen Bock a mis en place un programme de prévention des risques au travail
Selon une récente étude, trois salariés sur quatre se plaignent d'épuisement et en dix ans, les absences pour troubles psychiques ont augmenté de moitié. Bernhard Badura, expert du monde du travail, appelle à davantage protéger les salariés : "Si l'on considère l'objectif de la retraite à 67 ans, comment allons-nous y arriver si nous n'investissons pas plus dans la santé des travailleurs ? C'est un gros problème." L'an passé, les arrêts maladie ont coûté 70 milliards d'euros aux employeurs. Le montant sera au moins aussi élevé cette année.
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