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Il y a 30 ans, le procès Barbie ouvrait "la voie à d'autres procès en France et à la justice pénale internationale"

Serge Klarsfeld, avocat des parties civiles lors du procès de Klaus Barbie en 1987, est revenu, mardi pour franceinfo, sur l'ouverture des archives de cette procédure judiciaire.

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L'avocat Serge Klarsfeld lors de l'inauguration du plaque honorant les Juifs déportés, à Angoulême (Charente), le 14 mars 2017. (YOHAN BONNET / AFP)

Le procès du chef de la Gestapo à Lyon, Klaus Barbie, il y a 30 ans jour pour jour, "a ouvert la voie à d'autres procès en France, mais aussi à la justice pénale internationale", a expliqué, mardi 4 juillet sur franceinfo, l'avocat des parties civiles, Serge Klarsfeld. Le défenseur, à l'origine de l'arrestation de l'ancien officier nazi en Bolivie en 1983, a réagi au lendemain de l'annonce par les ministres de la Justice et de la Culture de l'ouverture des archives du procès qui s'est tenu du 11 mai au 3 juillet 1987. Maître Klarsfeld a toutefois rappelé sur franceinfo que le procès n'a pas permis d'établir la culpabilité du "boucher de Lyon" concernant la mort de Jean Moulin.

franceinfo : À quoi sert l'ouverture des archives de ce procès ?

Serge Klarsfeld : Cela permet aux citoyens d'avoir accès aux archives d'un procès exceptionnel qui a été le premier procès pour crime contre l'humanité en France. Il a ouvert la voie à d'autres procès en France, en particulier ceux de Paul Touvier et de Maurice Papon. Il a aussi ouvert la voie à la justice pénale internationale. Depuis le procès de Nuremberg, il n'y avait pas eu de procès de crimes contre l'humanité. Après l'exemple de la France, il y a eu d'autres procès pour crimes contre l’humanité en ce qui concerne l'ancienne Yougoslavie ou le Rwanda.

L'ouverture de ces archives permet-elle de lutter contre l'oubli et le révisionnisme ?

Cela permet à des chercheurs d'écrire des ouvrages de leur choix, mais il n'y a rien de particulier dans les archives de ce procès Barbie au point de vue historique. Ces archives concernent un procès qui s'est rapporté seulement à trois événements : la rafle de la rue Sainte-Catherine [à Lyon], la rafle des enfants juifs d'Izieu et le départ du convoi du 11 août 1944. Pour autant, le procès de Klaus Barbie n'a pas été le procès de l'affaire Jean Moulin à Caluire qui posait beaucoup d'autres problèmes. Il était relativement simple puisqu'on avait des documents et des témoins qui pouvaient établir la culpabilité de Klaus Barbie. Dans l'affaire de Caluire, il y a encore des mystères.

Klaus Barbie a-t-il fourni des informations, émis des regrets ?

Je ne crois pas que sa mémoire était défaillante, mais il a donné très peu d'informations. Son avocat avait toujours menacé des révélations de Klaus Barbie. Il n'y en a eu aucune. Quant aux regrets, il n'en a pas eus puisqu'il a dit : 'moi, j'ai combattu les résistants sans haine et en ce qui concerne les juifs, ce n’était pas moi donc je n'ai rien fait'. Il n'avait pas à avoir de regrets pour des actions dont il disait qu'il ne les avait pas perpétrées.

"Cela permet aux citoyens d'avoir accès aux archives de ce procès exceptionnel qui a été le premier procès pour crimes contre l'humanité en France", Serge Klarsfeld

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