Belgique : un incident nucléaire sous-estimé
Des voitures de police munies de haut-parleurs ont diffusé des messages dans les rues de Fleurus, appelant les habitants de cette commune d'environ 20.000 habitants, située dans la région de Charleroi, à ne pas consommer les fruits et légumes de leur jardin, l'eau de pluie et le lait des fermes environnantes. Et ce, jusqu’à nouvel ordre.
Il s’agit de " simples mesures de prévention ", a affirmé Jean-Luc Borremans, le bourgmestre (maire) de cette localité. "Il s'agit bien d'un incident et pas d'un accident, je ne voudrais pas que les gens pensent qu'il y a eu une catastrophe nucléaire", a-t-il ajouté, reconnaissant qu’il était "normal" que la population soit inquiète. "Le nucléaire est un thème qui effraie", a-t-il expliqué.
Si l’élu refuse de parler "d’accident", "l'incident" nucléaire qui s'est déroulé le week-end dernier dans un laboratoire de l'Institut des radioéléments (IRE), n'en reste pas moins le plus grave jamais survenu en Belgique.
Le week-end dernier, le personnel de ce laboratoire qui produit des radioéléments utilisés notamment pour le dépistage par imagerie médicale et le traitement par radiothérapie du cancer, a constaté un rejet d'iode radioactif. Informée le lundi, l'Agence fédérale belge de Contrôle nucléaire (AFCN) avait alors estimé l'incident sérieux et l'avait placé au niveau trois (sur sept) sur l'échelle internationale des accidents nucléaires. Dès le mardi, la production de l'IRE a été mise à l'arrêt, mais l'AFCN avait estimé que la fuite ne faisait courir aucun risque aux riverains et à l'environnement. Aucune mesure de précaution n'avait été recommandé.
Mais jeudi soir, une analyse d'échantillons d'herbe, prélevés "dans l'environnement direct" du site, a débouché sur "des mesures plus élevées d'iode radioactif" que ne laissaient présager les premiers tests. La nuit dernière, réuni dans le Centre de Crise de l'Intérieur, le gouvernement a décidé de conseiller aux riverains de prendre des précautions et d'informer les autres pays de l'UE à travers le réseau européen Ecurie.
Cécile Mimaut, avec agences
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