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Boris Johnson, le "bouffon" conservateur qui a séduit Londres

Réélu à la mairie de Londres, il est un des rares conservateurs à résister à la poussée travailliste aux dernières élections de Grande-Bretagne. Au point de devenir le rival de David Cameron.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Le maire réélu de Londres Boris Johnson dans le métro de la capitale britannique le 3 mai 2012. (LEON NEAL / AFP)

Sa tignasse blonde et ses blagues douteuses ont séduit Londres. Le turbulent Boris Johnson a été réélu à la mairie de Londres vendredi 4 mai, malgré un bilan contesté. Il console ainsi les conservateurs de David Cameron de leurs piètres résultats aux élections locales, mais s'impose également en rival du Premier ministre.

En quatre ans à la tête d'une des plus grandes capitales européennes, il a su mettre à profit la tribune que lui offrait ce poste hautement symbolique et la préparation des JO de cet été. Celui que la presse surnommait le "bouffon bafouillant" s'est fait un nom ou plutôt un prénom: "Boris", comme disent ses administrés, une signature apposée sur chacun de ses grands projets.

Boris partout

A commencer par les "Boris Bikes", l'une des ses principales réalisations, un système de location de vélos inspiré des Vélib parisiens, dont l'idée avait été lancée par son prédécesseur. Son projet d'aéroport sur l'estuaire de la Tamise est surnommé "Boris Island". La version relookée des célèbres bus rouges de la capitale ? Les "Boris buses". Et quand le Premier ministre David Cameron, conservateur comme lui, appelle à élire au suffrage universel les maires d'une dizaine de grandes cités, il propose à ses concitoyens "un Boris dans chaque ville".

Les Londoniens apprécient la personnalité hors norme de ce bouillonnant conservateur de 47 ans, pourtant formé dans le plus pure style de l'élite britannique : collège d'Eton et université d'Oxford. Et ils ne paraissent guère lui tenir rigueur d'un trafic automobile congestionné, de transports publics chers et saturés ou de son absence au début des émeutes, l'été dernier.

"Tout le monde le trouve très drôle mais..."

Ses bourdes sont pourtant devenues légendaires, comme quand il accuse en 2004 les habitants de Liverpool de se complaire dans un "statut de victime" alors que l'otage Ken Bigley, originaire de cette ville, a été décapité en Irak. Ou quand, pendant son passage dans la presse, il fait référence aux "négrillons" avec des "sourires de pastèque". Boris Johnson balaie alors les critiques en se présentant comme "un melting pot humain", avec des racines turques, allemandes, russes et françaises.

Ses adversaires ont cherché la parade à son incontestable charisme en mettant en avant son "maigre" bilan."Tout le monde le trouve très drôle. Mais la question n'est pas de savoir qui fait les meilleures blagues, mais qui fait le travail au quotidien", a rétorqué son adversaire éconduit par les électeurs, le travailliste Ken Livingstone. Certains dénoncent aussi une jovialité de façade, masquant un esprit acéré et un conservateur pur et dur, doté d'un agenda politique caché.

Le futur Premier ministre ?

La victoire que "Boris" a offerte à Londres aux conservateurs, en perte de vitesse dans le reste du pays, relance les spéculations autour du maire, souvent décrit comme le principal rival de David Cameron chez les Tories. "Alors que Cameron et Osborne entraînent le parti conservateur dans la défaite dans le reste du pays, non seulement avez-vous obtenu un nouveau mandat mais (...) la question de la prochaine direction du parti Tory soit désormais posée", a déclaré le travailliste Ken Livingstone à son vainqueur sous le dôme en verre de l'Hôtel de Ville, près de Tower Bridge.

Boris Johnson, lui, a pris soin de ne pas évoquer David Cameron ni le revers national de son parti, préférant insister sur son bilan et rendre hommage à Ken Livingstone, aux conservateurs londoniens et à sa famille. Le Premier ministre quant à lui minimise les rumeurs sur leur rivalité.

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