: Cartes Electricité, télécommunications, gaz : visualisez les très stratégiques câbles sous-marins en Europe, victimes de plusieurs incidents
Ils sont invisibles mais essentiels pour l'Europe. Les réseaux sous-marins font l'objet de toutes les attentions, et davantage encore à la suite des incidents à répétition, notamment en mer Baltique. Un câble électrique reliant la Finlande à l'Estonie a été endommagé, mercredi 25 décembre, poussant les autorités finlandaises à stopper et inspecter le pétrolier Eagle-S, suspecté d'appartenir à la "flotte fantôme" de Moscou. Un mois plus tôt, deux câbles de télécommunications ont été coupés dans les eaux territoriales suédoises. De quoi relancer les craintes d'une guerre hybride, en particulier entre la Russie et les pays occidentaux.
Des câbles par lesquels passe la quasi-totalité du trafic internet, des lignes permettant d'alimenter des îles ou d'échanger de l'énergie à travers le continent... Cartes à l'appui, franceinfo vous donne un aperçu de ces réseaux qui jalonnent les fonds marins.
Les câbles électriques sous-marins
Le réseau électrique européen s'appuie en partie sur des câbles sous-marins. Faits de cuivre et protégés par une épaisse armure en acier galvanisé, ils permettent de connecter les champs éoliens offshore, d'alimenter les plateformes pétrolières ou gazières, ou d'échanger de l'énergie entre territoires, en cas de surplus ou d'insuffisance d'électricité. Ces infrastructures continuent de se développer, à l'image du projet du Great Sea Interconnector, qui doit relier d'ici quelques années Chypre, la Grèce et Israël.
Comparées à d'autres types de câbles, les lignes électriques sous-marines font rarement l'objet d'actes malveillants. La rupture du câble EstLink 2, en mer Baltique entre la Finlande et l'Estonie le 25 décembre, n'en est que plus inédite. Les regards se sont rapidement portés sur l'Eagle-S, un pétrolier battant pavillon des îles Cook, suspecté d'être utilisé par la Russie, et navigant à proximité immédiate du câble lors de l'incident. La Finlande a ouvert une enquête pour sabotage, tandis que l'Otan a annoncé renforcer sa surveillance de la zone.
Les câbles de télécommunications
Ce réseau fait, lui, l'objet de nombreux incidents, volontaires ou non. Les fonds marins abritaient plus de 500 câbles de télécommunications en septembre 2024, selon Telegeography, entreprise spécialisée dans la recherche de données en télécommunications. A travers eux transitent 99% de notre trafic en ligne via la fibre optique. La France se démarque pour ce qui est de l'installation et l'entretien de ces lignes, grâce à ses deux leaders mondiaux, Orange marine, filiale d'Orange, et Alcatel Submarine Networks (ASN), en partie rachetée par l'Etat en novembre 2024.
Comme le montre ci-dessous notre carte réalisée grâce au recensement du site Submarine Cable Map, géré par Telegeography, le continent européen est relié à l'Amérique du Nord par des câbles traversant l'Atlantique, mais aussi à l'Afrique ou l'Asie. La ville de Marseille est d'ailleurs un hub d'envergure mondiale, avec 17 câbles internet reliés à la cité phocéenne.
D'après Orange, "environ 150 à 200" coupures de câbles sous-marins se produisent chaque année. Mais la plupart du temps, "ces incidents sont dus à des phénomènes naturels (tremblements de terre, glissements de terrain) ou à des accidents maritimes (chalutage, ancrage de bateaux)", explique à franceinfo l'entreprise, qui possède sept navires câbliers en activité dans le monde.
Plusieurs coupures récentes ont néanmoins fait l'objet de soupçons de sabotages. Les 17 et 18 novembre, le câble BCS East-West Interlink, reliant l'île suédoise de Gotland à la Lituanie, ainsi que le câble C-Lion1, reliant la Finlande à l'Allemagne, ont été endommagés dans les eaux territoriales suédoises. Un vraquier battant pavillon chinois, le Yi Peng 3, qui se trouvait au-dessus de la zone au moment de l'incident, s'est retrouvé dans le viseur des autorités suédoises. Après une inspection à bord dans le cadre d'une enquête menée par la Chine, le navire a repris la mer le 21 décembre. Selon Stockholm, le procureur suédois n'a pas été autorisé par Pékin à monter à bord du cargo pour mener ses investigations.
Le réseau sous-marin de gazoducs
Des milliers de kilomètres de conduits de gaz jalonnent également les fonds marins. L'ONG américaine Global Energy Monitor recense 952 gazoducs en Europe. La majorité d'entre eux sont terrestres, mais une partie est immergée, notamment pour acheminer vers le continent le gaz extrait depuis les plateformes offshore, comme en mer Baltique. D'autres permettent d'alimenter l'Europe, comme Nord Stream, réseau de deux conduits entre la Russie et l'Allemagne.
Le 8 octobre 2023, le gazoduc Balticconnector, reliant la Finlande à l'Estonie, a été fermé après des dégradations et la détection d'importantes fuites. Un incident dû à l'ancre d'un cargo chinois ayant raclé le fond marin, a déterminé l'enquête finlandaise. En août dernier, Pékin a reconnu les faits, parlant d'un accident, selon le South China Morning Post.
En septembre 2022, les gazoducs Nord Stream 1 et 2, avaient, eux, été victimes d'une double explosion provoquant une immense fuite de méthane. Des investigations du New York Times, du Washington Post ou de franceinfo ont pointé la responsabilité de l'armée ukrainienne. Dans le même temps, de nouveaux pipelines sont prévus, comme celui devant transporter de l'hydrogène vert entre Barcelone et Marseille, un projet lancé en 2022.
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