Le train est-il encore un moyen de transport sûr ?
Avec les catastrophes ferroviaires de ce mois de juillet, la réputation du train est écornée. Pourtant, il reste l'un des moyens de transport les plus sûrs.
Avec deux accidents graves en quinze jours, à Brétigny-sur-Orge (Essonne) vendredi 12 juillet, et à Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne, mercredi 24 juillet, le train pourrait apparaître comme un moyen de transport devenu dangereux en Europe. Pourtant, les Français accordent toujours leur confiance aux transports ferroviaires.
Selon un sondage BVA pour Le Parisien/Aujourd'hui en France publié dimanche 21 juillet, le train est jugé rassurant par 58% des personnes interrogées, contre 33% pour l’avion et 7% pour la voiture. Si ce sentiment paraît justifié au vu des statistiques, les compagnies ferroviaires, en France comme ailleurs en Europe, doivent continuer à investir dans la sécurité de leurs réseaux pour rester attractives.
Le moyen de transport le plus sûr après l'avion
Joint par francetv info, Marc Fressoz, spécialiste des questions liées aux transports ferroviaires, tempère : "C'est la loi des séries avec deux catastrophes coup sur coup qui provoquent une vive émotion, mais il est nécessaire de prendre du recul. Le moyen de transport ferroviaire reste beaucoup plus sûr que la voiture, les accidents n’arrivent pas tous les jours."
Les rares données disponibles sur les accidents de transport apparaissent positives pour le train. Dans un rapport (PDF en anglais) de l'Agence ferroviaire européenne daté de 2013, le réseau ferroviaire est présenté comme globalement fiable, même si l'organisme relève qu'il existe de fortes disparités entre les pays.
Dans le détail, sur la période 2008-2010, si l'avion apparaît encore plus sûr avec 0,1 mort par milliard de kilomètres-passagers (l'unité de mesure passagers-kilomètres correspondant à un passager transporté sur une distance d'un kilomètre), le train n’est pas loin, avec 0,15 mort. A titre de comparaison, il existe 28 fois plus de risques de périr dans un accident de voiture et 337 fois plus dans un accident de deux-roues motorisé.
Une baisse notable des accidents
"Les statistiques montrent qu'en Europe, on a diminué le nombre d'accidents, leur gravité et le nombre de morts", affirme la députée européenne Nathalie Griesbeck, membre de la commission des Transports du Parlement européen, contactée par francetv info.
Effectivement, selon le rapport de l'Agence ferroviaire européenne, la courbe des accidents de train a diminué environ de moitié entre le début des années 1990 et le début des années 2010. Même constat pour les accidents graves impliquant au moins cinq morts qui ont considérablement chuté depuis le début des années 1980. Il reste quelques accidents ferroviaires spectaculaires qui viennent rappeler que le train n'est pas infaillible. En 2010 par exemple, deux trains entrent en collision en Belgique, causant la mort de 18 personnes comme le rappellent Les Echos dans une chronologie des grands accidents ferroviaires de ces dernières années.
Côté français, un rapport de Réseau ferré de France de juin 2013 met en évidence l'amélioration du réseau avec une baisse d'un tiers du nombre de personnes tuées en 10 ans, et moins 40% d'accidents sur la même durée. "On a amélioré la sécurité ferroviaire depuis longtemps et d'autant plus ces dernières années", confirme Nathalie Griesbeck, qui n'oublie pas de rappeler que la France est classée 3e au niveau européen en matière de sécurité ferroviaire.
Il reste des efforts à produire
En France, "certaines lignes sont délaissées, moins entretenues sur les réseaux secondaires", soulève Marc Fressoz en expliquant que les efforts se concentrent sur les lignes les plus empruntées. Il est rejoint en ce sens par un rapport de la Cour des comptes commandé par le Sénat, qui dénonce un "réseau vieillissant".
Après l'accident de Bretigny, la SNCF assurait à 20 Minutes que la vetusté du réseau n’était pas une source particulière d’insécurité pour les voyageurs. De son côté, Marc Fressoz révèle que la SNCF est contrainte de réduire la vitesse de ses trains sur ces lignes délaissées pour maintenir l’exigence de sécurité. Le gouvernement vient justement d'annoncer "un plan d'investissement où 5 milliards d'euros par an sont prévus pour la modernisation et le développement des infrastructures", remarque Nathalie Griesbeck.
Le dernier effort à produire concerne l'harmonisation du réseau européen pour améliorer encore la sécurité et éviter des accidents comme à Zoufftgen, au Luxembourg, en 2006, où cinq personnes avaient perdu la vie dans une collision, comme le signale Le Monde. Un accident qui avait illustré la "difficulté de coordination des Etats-membres" concernant le ferroviaire, explique Nathalie Griesbeck.
Accorder les réseaux ferroviaires, c'est l'un des objectifs du quatrième paquet ferroviaire, discuté actuellement au Parlement européen. "Il s'agit de rapprocher les règles techniques des différents pays (les roues, les trains...), qui, pour l’instant, ont des éléments aux antipodes les uns des autres", détaille la députée européenne, avant de conclure : "L’objectif de l’Europe, c’est de tenter de mettre fin au déclin du ferroviaire en le rendant attractif, ce qui passe par une sécurité toujours amélioré."
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