Cet article date de plus de huit ans.
Danemark: le combat d'une femme imam, Sherin Khankan, pour un islam féministe
Sherin Khankan est aux commandes de Mariam, la première mosquée scandinave entièrement dirigée par des femmes où les prières du vendredi sont réservées à la gent féminine. Elle est consciente qu’une femme à la tête d’un prêche mixte pourrait conduire au «chaos». Critiques, les musulmans conservateurs restent discrets pour éviter de souffler sur les braises de l'islamophobie.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'engagement de Sherin Khankan repose sur un pilier: le dialogue interconfessionnel. Sa mère, une infirmière finlandaise chrétienne, observait le jeûne du ramadan tandis que son père, un réfugié syrien musulman, se rendait à l'église pour les offices importants du calendrier, a-t-elle expliqué à l'AFP, vêtue d'une jupe blanche et d'un haut à manches longues.
Devenue une habituée des médias, cette intellectuelle, qui a suivi sa formation d'islamologue en partie à Damas, estime que les textes coraniques détiennent les clés d'un «féminisme islamique» qui transgresse les canons conservateurs.
Ouvrir la voie aux jeunes musulmansSherin Khankan, une imam à la tête d’une mosquée dirigée par... | #Religion #Spiritualité https://t.co/jVz5vhvDi7 pic.twitter.com/tKIk7xqjeH
— eMouaten (@eMVeille) October 12, 2016
En mai 2016, l'ambassade de France au Danemark l'a conviée à débattre avec le rabbin Delphine Horvilleur à la bibliothèque royale de Copenhague. La rencontre a eu lieu plus d'un an après un attentat contre la grande synagogue de Copenhague qui a fait deux morts et cinq blessés. Son auteur est un jeune Danois d'origine palestinienne.
Mère de quatre enfants, elle espère que la mosquée Mariam ouvrira une voie «à une nouvelle génération de jeunes musulmans sans boussole qui ne sentent pas à l'aise au sein des communautés fréquentant les mosquées traditionnelles». Environ 284.000 musulmans viventau Danemark, selon Brian Arly Jacobsen, sociologue des religions à l'université de Copenhague.
Défier la domination masculine
C'est Saliha Marie Fetteh, une «imama» née au Danemark, qui a dirigé le prêche inaugural de la mosquée Mariam, un vendredi d'août, devant une soixantaine de femmes. Des représentantes des communautés chrétienne et juive de la capitale danoise faisaient partie de l'assemblée.
«C'était merveilleux, très émouvant», raconte Ozlem Cekic, ancienne députée d'origine turque. «Je crois que le fait de défier la domination masculine va renforcer l'islam et les femmes», estime-t-elle.
Mais cet accès à la prière réservé aux femmes rebute certains imams. Celui d'une grande mosquée danoise, Waseem Hussein, a critiqué le fait qu'à la mosquée Mariam, les hommes aient accès à la mosquée mais pas à la prière. Sherin Khankan a justement choisi cette option pour ne pas froisser de nombreux musulmans conservateurs qui estiment qu'une femme ne peut pas être à la tête un prêche mixte. Si les critiques ne sont jamais frontales, c'est pour éviter d'attiser les braises de l'islamophobie au Danemark. Le royaume est sous l'influence des nationalistes du Parti populaire danois devenu, en 2015, la deuxième formation du royaume.
«C'était merveilleux, très émouvant», raconte Ozlem Cekic, ancienne députée d'origine turque. «Je crois que le fait de défier la domination masculine va renforcer l'islam et les femmes», estime-t-elle.
Mais cet accès à la prière réservé aux femmes rebute certains imams. Celui d'une grande mosquée danoise, Waseem Hussein, a critiqué le fait qu'à la mosquée Mariam, les hommes aient accès à la mosquée mais pas à la prière. Sherin Khankan a justement choisi cette option pour ne pas froisser de nombreux musulmans conservateurs qui estiment qu'une femme ne peut pas être à la tête un prêche mixte. Si les critiques ne sont jamais frontales, c'est pour éviter d'attiser les braises de l'islamophobie au Danemark. Le royaume est sous l'influence des nationalistes du Parti populaire danois devenu, en 2015, la deuxième formation du royaume.
Ménager les multiples courants de l'islam
«D'après le Coran, hommes et femmes sont des partenaires spirituels égaux», rétorque la quadragénaire qui ne porte le voile qu'à l'heure de l'Adhan, l'appel à la prière. Elle dit s'efforcer de ne pas «brûler de ponts» entre les multiples courants de l'islam car cela «engendrerait le chaos».
Dans une interview accordée aux Inrocks, Mme Khankan déclare vouloir «être du côté des institutions», estimant «prendre le pouvoir pour de bon» en institutionnalisant le «concept de l'imamat féminin». Elle raconte que la création de la mosquée Mariam «a été tout un voyage, ça ne s'est pas fait en une nuit, il nous a fallu 16 ans pour faire naître cette idée et l'institutionnaliser».
Ce n'est pas la première mosquée dirigée par des femmes pour des femmes. Il en existe d'autres aux Etats-Unis, en Belgique, au Canada, en Allemagne, en Malaisie ou bien encore en Chine, note le site Géopolis.
«D'après le Coran, hommes et femmes sont des partenaires spirituels égaux», rétorque la quadragénaire qui ne porte le voile qu'à l'heure de l'Adhan, l'appel à la prière. Elle dit s'efforcer de ne pas «brûler de ponts» entre les multiples courants de l'islam car cela «engendrerait le chaos».
Dans une interview accordée aux Inrocks, Mme Khankan déclare vouloir «être du côté des institutions», estimant «prendre le pouvoir pour de bon» en institutionnalisant le «concept de l'imamat féminin». Elle raconte que la création de la mosquée Mariam «a été tout un voyage, ça ne s'est pas fait en une nuit, il nous a fallu 16 ans pour faire naître cette idée et l'institutionnaliser».
Ce n'est pas la première mosquée dirigée par des femmes pour des femmes. Il en existe d'autres aux Etats-Unis, en Belgique, au Canada, en Allemagne, en Malaisie ou bien encore en Chine, note le site Géopolis.
La mosquée Mariam observe les enseignements du soufisme, une forme mystique de l'islam, et attire en majorité des musulmans sunnites. Mais «tout le monde est bienvenu», assure l'imam danoise.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.