De son dernier appel à la découverte de son corps, retour sur les neuf jours de recherches de Simon Gautier en Italie
Le jeune homme de 27 ans, parti faire une randonnée dans la province de Salerne, a été retrouvé mort au fond d'un ravin, neuf jours après sa disparition. Selon les premiers résultats de l'autopsie, il est mort d'une hémorragie due à la rupture d'une artère fémorale.
Les recherches auront duré neuf jours. Simon Gautier, disparu vendredi 9 août, a été retrouvé mort dans la soirée du dimanche 18 août, à San Giovanni a Piro, dans la province de Salerne, à environ 200 kilomètres au sud de Naples (Italie). La veille de sa disparition, le Français de 27 ans avait quitté Rome, où il vivait depuis deux ans pour rédiger une thèse en histoire de l'art, pour entamer une randonnée en solitaire le long de la côte entre Policastro Bussentino et Naples. Le terrain y est particulièrement escarpé et rocheux.
Ce jeudi soir, Simon Gautier décide de planter sa tente pour la nuit sur la plage de la Molara, dans le hameau de Scario. Plusieurs témoins diront ensuite l'avoir croisé. A 19h30, il éteint son téléphone. Il le rallume au petit matin, à 6h30, et reprend sa randonnée à flanc de falaise, dans la zone sauvage des "Infreschi", où de nombreuses plages ne sont accessibles que par bateau. Le chemin serpente au milieu du maquis à 200 ou 300 m au-dessus de la mer. Mais, peu avant 9 heures, le jeune homme glisse et chute. Les deux jambes cassées, il parvient à saisir son téléphone et à appeler une amie, sans succès. Il compose alors le numéro d'urgence 112. A l'opératrice, il explique s'être écarté du chemin balisé avant de tomber dans un ravin et de glisser sur plusieurs mètres. Selon certains témoins des opérations de recherches, il aurait pu confondre le sentier avec des traces laissées par des animaux, comme des sangliers.
Dans le message, diffusé par les médias italiens, Simon Gautier explique s’être blessé "au milieu de nulle part, sur la côte", sans savoir exactement où il se trouve. Ce sont les carabiniers de Lagonegro, à une quarantaine de kilomètres de là, qui ont reçu l'appel d'urgence du jeune homme. Selon la préfecture de Salerne, "dès le moment où l'appel à l'aide de Simon est parvenu aux carabiniers (...), les opérations ont débuté immédiatement pour géolocaliser le téléphone".
Une localisation difficile
Toutefois, d'après La Repubblica (en italien), les recherches ne démarrent réellement qu'à la nuit tombée et un hélicoptère est envoyé sur place 28 heures après l'appel, soit le samedi midi. Pour orienter leurs recherches, les secouristes disposent d'une carte schématique dessinée par Simon Gautier et décrivant son itinéraire, poursuit le journal italien.
Alors que les premières recherches ont commencé, les proches du jeune homme sont prévenus de sa disparition par le consulat français en Italie, lundi 12 août, comme le confiera à franceinfo Delphine Godard, la mère de Simon. Ils se rendent le surlendemain en Italie, où se trouvent déjà plusieurs amis du jeune homme, venus prêter main forte aux secours. "On quadrille les zones, on se géolocalise tous ensemble sur Facebook pour savoir quelles zones on a fait, ce qui manque… On s'organise comme on peut", explique sur franceinfo Héloïse, une amie de Simon. Des dizaines de bénévoles, bergers et habitants de la région prennent également part aux recherches.
Des images de vidéosurveillance de la ville de Policastro Bussentino montrent Simon Gautier, le 8 août, marcher dans la commune entre 16h11 et 16h43. Tenue de marche et gros sac de randonnée sur le dos, il passe devant une agence de canoë-kayak dans l'ouest de la ville, avant d'entamer son périple en fin d'après-midi. Cette localisation permet notamment d'affiner la zone de recherches. Une photo de son sac à dos qu'il avait envoyée à ses proches montre également des rations, de l'eau, de quoi "survivre plus de quinze jours", selon un ami du jeune homme.
Jugeant insuffisants les moyens mis en œuvre pour retrouver son fils, Delphine Godard lance, jeudi 15 août, un appel à l’aide dans les médias français. A franceinfo, elle confie son inquiétude : "C'est long, vu le degré d'urgence. On est à plus de sept jours... Il faut qu'on nous aide. Il faut qu'il y ait plus d'hommes sur le terrain." Selon elle, les secours locaux sont peu nombreux et non formés à ce terrain difficile. Au lendemain de cet appel, le Quai d'Orsay assure que les autorités italiennes "déploient d'importants moyens matériels et humains", citant "des survols par hélicoptère et drone, le recours à des équipes de spéléologues, la mobilisation de volontaires et la reconnaissance depuis la mer". Une équipe cynophile est également dépêchée sur les lieux.
Une mort probablement rapide
Dimanche 18 août, alors que les recherches se recentrent sur trois chemins escarpés qui mènent de la plage de la Molara au sentier de randonnée, du sang est retrouvé sur des rochers. Vers 20h30, son sac à dos est repéré depuis les crêtes par un chasseur alpin qui scrutait la zone aux jumelles. Le corps sans vie du randonneur est découvert peu après dans un ravin, au Belvedere di Ciolandrea. Son sac se trouve quatre ou cinq mètres au-dessus, selon le correspondant de franceinfo en Italie, Alban Mikoczy. "En tentant de se mettre dans un meilleur endroit, il a chuté une nouvelle fois et s'est éloigné de son sac", explique-t-il. Les secours décident de veiller le corps toute la nuit et d'attendre la lumière du jour, lundi matin, pour l'évacuer sur une civière vers une petite plage en contrebas. Dans la soirée, une équipe de soutien psychologique est envoyée par la France pour aider les proches du jeune homme.
Selon les premiers résultats de l'autopsie, Simon Gautier est mort d'un choc hémorragique dû à la section d'une artère fémorale, a affirmé le procureur italien chargé de l'enquête. Son corps présentait de graves blessures aux jambes, selon les analyses effectuées à l'hôpital de Sapri. "A 10 heures, il était probablement déjà mort", a souligné une source au sein des carabiniers.
Selon une source judiciaire locale contactée par franceinfo, l'enquête ouverte pour "homicide involontaire" se penche à la fois sur les circonstances de la mort du randonneur mais aussi sur l'organisation des secours après son appel passé aux urgences italiennes.
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