Disparus du franquisme : enquête judiciaire et exhumations
Regarder la vérité en face.
_ Plus de trente ans après avoir définitivement tourné la page du franquisme grâce à une loi d’amnistie, la justice espagnole pose un premier acte pour revenir sur les atrocités commises pendant la Guerre civile (1936-39) et les 36 années de dictature franquiste. Le juge Baltasar Garzon a décidé d’ouvrir une instruction judiciaire pour faire toute la lumière sur la disparition de 114.266 de ses compatriotes sous le régime de la dictature.
Juridiquement, sa décision repose sur le délit présumé de "détention illégale permanente" et donc non prescrite, "sans explication sur le lieu" où se trouvent les personnes disparues, sur fond de "crimes contre l’humanité".
Dans son procès-verbal d’une soixantaine de pages, le magistrat ordonne notamment l’ouverture des fosses communes dans 19 localités, dont celle proche de Grenade où repose la dépouille du poète Federico Garcia Lorca, fusillé par les franquistes en 1936. Il demande également au ministère de l’Intérieur d’identifier les principaux dirigeants de la Phalange, l’organisation d’extrême droite alliée à Franco entre 1936 et 1951, afin d’engager des poursuites contre ceux qui sont encore en vie.
Si la décision du magistrat vedette est unanimement saluée par les associations de familles de victimes du franquisme, il est probable que le parquet fasse appel.
Cette démarche intervient presque dix ans jour pour jour après le premier coup de théâtre du juge Garzon : le 17 octobre 1998, il avait réussi à faire arrêter le général Pinochet à Londres. Le magistrat accusait le vieux dictateur chilien de génocide, terrorisme et tortures, en se fondant sur les dénonciations de familles d’Espagnols disparus au Chili pendant la dictature. Le gouvernement britannique avait finalement refusé d’extrader Pinochet vers l’Espagne, pour des raisons de santé.
Gilles Halais avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.