Elections en Allemagne : quelle coalition pour Angela Merkel ?
La chancelière allemande, grand vainqueur des législatives de dimanche, devra trouver des alliés parmi les partis politiques adverses pour pouvoir gouverner. Des premiers contacts avec la gauche ont déjà eu lieu.
Victorieuse dimanche des élections législatives, la chancelière allemande Angela Merkel ne pourra pas gouverner seule. Malgré leur meilleur résultat électoral depuis la réunification du pays et leurs 311 députés sur 630, les conservateurs de la CDU-CSU ne peuvent pas compter sur leurs alliés traditionnels, les libéraux du FDP, qui n'ont pas dépassé 5% des suffrages et ne seront donc représentés au Bundestag.
Les partis de gauche, le SPD, les Verts et Die Linke (extrême gauche) ont même la majorité mathématique au Bundestag. S'ils s'alliaient, ils seraient en mesure à tout moment de faire tomber Angela Merkel, même si le SPD et les Verts ont rejeté cette éventualité, estimant que Die Linke n'est pas mûre pour gouverner.
Angela Merkel va donc devoir nouer des alliances avec ses adversaires politiques pour glaner les 5 sièges qu'il lui manque pour obtenir la majorité absolue. Alors que la chancelière s'est dite lundi 23 septembre "ouverte" à des discussions, qui pourraient prendre plusieurs jours, francetv info détaille les options qui s'offrent à elle.
1 Une grande coalition avec le SPD
Crédité de 25,7% des voix, et de 192 députés, le parti social-démocrate SPD apparaît comme un possible partenaire de poids pour la Chancelière. Les deux plus grands partis politiques allemands avaient déjà gouverné ensemble entre 1966 et 1969 et lors du premier mandat d'Angela Merkel, entre 2005 et 2009.
"Nous sommes ouverts pour mener des discussions (...). J'ai eu un premier contact avec le président du SPD [le parti social-démocrate]", Sigmar Gabriel, a déclaré Mme Merkel depuis le siège de la CDU. Mais le chef de file des sociaux-démocrates a demandé à en parler d'abord au sein de la direction du SPD, vendredi, selon la chancelière.
Cette alliance est la plus probable. "Merkel n'aurait pas trop de mal à trouver un compromis sur le salaire minimum, les retraites ou les impôts" avec le SPD, selon l'hebdomadaire Die Zeit. Mais le SPD, qui fut politiquement la grande victime de la dernière "grande coalition", promet de vendre chèrement son soutien.
2 Une alliance avec les Verts
Mais Angela Merkel a toutefois souligné qu'elle n'excluait pas "d'autres contacts" avec les Verts, l'autre partenaire possible pour former une majorité au Bundestag (8,4% et 63 sièges). Mais cette coalition est considérée comme peu vraisemblable."Les résistances dans les deux camps sont trop fortes. Le fossé trop vaste", entre les deux partis, juge le quotidien Süddeutsche Zeitung (SZ), comme la plupart des commentateurs.
Des négociations "seraient certainement très délicates", a reconnu Volker Kauder, chef du groupe parlementaire CDU, un proche de la chancelière. Elles risqueraient d'être particulièrement houleuses avec la CSU, branche bavaroise et très conservatrice de la CDU. La CSU avait, par exemple, obtenu la création d'une prime pour les mères au foyer lors de la législature précédente, baptisée "prime au fourneau". Une mesure située aux antipodes des positions sociétales des Verts.
Dans tous les cas de figure, Angela Merkel ne s'attend pas à une conclusion rapide des négociations. "Cela prendra un certain temps, [mais] la CDU est prête à mener ces discussions et nous verrons bien", a-t-elle indiqué. Lors de la précédente grande coalition, en 2005, les discussions avaient mis deux mois et quatre jours à se conclure.
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