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Erasmus : Bruxelles appelle à l'aide mais les Etats rechignent

La Commission européenne a adopté mardi une rallonge budgétaire de 8,9 milliards d'euros pour terminer l'année 2012. 10 à 15% des étudiants risquent de ne pas voir leurs bourses versées, mais les Etats refusent toute augmentation de leur quote-part.
Article rédigé par Ludovic Pauchant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Marius Becker Maxppp)

Les
négociations s'annoncent difficiles. Et même "tendues" , pour
le commissaire européen chargé du budget, Janusz Lewandowski, parce que la
demande vient se "télescoper avec les difficiles négociations en cours sur
le budget 2013 et sur le budget pluriannuel de l'UE pour la période 2014-2020.

Et même si une partie des financements
sera couverte par des rentrées pour 3,1 milliards d'euros provenant d'amendes
et de pénalités, il restera aux Etats un vide de 5,9 milliards d'euros qu'ils
devront combler. Faute de quoi la Commission ne pourra pas financer les
programmes en cours
.

90
millions d'euros pour sauver Erasmus

Parmi
eux, le très populaire programme Erasmus, qui a permis depuis son existence à
2,3 millions de jeunes Européens d'étudier plusieurs mois dans un autre pays de
l'Union
.  Problème : les premières
coupes dans le budget 2012 ne permettent pas, à ce jour, à la Commission de
pouvoir effectivement verser leur bourse à tous les étudiants. Sauf à lui
attribuer 90 millions d'euros supplémentaires : une goutte d'eau si l'on
considère la totalité de la rallonge demandée, dont l'essentiel est censé
couvrir les besoins du Fonds social européen (soit environ 8,3 milliards d'euros
sur les 8,9 demandés).

Mais la
crise financière est passée par là
et les portefeuilles nationaux sont vides :
les Etats contributeurs au budget de la Commission européenne ont pris la
tangente de la rigueur, beaucoup rechignent à mettre la main à la poche. Sept
pays, gros contributeurs,  refusent ainsi
déjà tout net une augmentation de leur quote-part : le Royaume-Uni, la
France, l'Allemagne, la Finlande, la Suède, les Pays-Bas et l'Autriche. Face à
eux, une fragile coalition des pays d'Europe centrale et d'Etats du sud de l'Union.
L'affrontement pourrait être musclé...

"Les
Etats doivent s'exécuter"*


Alain Lamassourre, le président de la Commission des budgets
du Parlement européen, dénonce un comportement "absurde " et
appellent les Etats à "s'exécuter ". Au risque, estime-t-il,
de mettre en péril tous les programmes sociaux et de recherche européens,
lesquels pourraient alors, eux aussi, être remis en cause. "Ce serait d'ailleurs
contraire à ce que le président Hollande a proposé et fait adopter par le Conseil
européen en juin, c'est à dire qu'il y ait 120 milliard d'euros supplémentaires
pour encourager la croissance en Europe à travers les grands programmes  européens. Or, le plus fécond pour l'avenir et
le plus populaire d'entre eux est ... le programme Erasmus."
,
explique-t-il.

La crise politique menace

Une procédure de conciliation a été ouverte pour trouver
un compromis d'ici le 9 novembre mais la crise politique menace : les
députés européens affirment qu'ils refuseront toute proposition insuffisante. C'est
une première : jusqu'à présent, le Parlement a avalisé toutes les
réductions réclamées par les Etats.

 

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