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Europe: «De la grande dépression à la très grande dépression», selon l’OFCE

L’économie européenne est dans le rouge. Les prévisionnistes de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) prévoient une croissance négative pour l’Union européenne dans son ensemble (-0,2%) en 2013 et, pire encore, un recul de 0,4% pour la zone euro.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Manifestation pour un changement de politique en Espagne (2013). (PEDRO ARMESTRE / AFP)
«Paysage sombre», «réaggravement  de la situation», Xavier Timbeau, le responsable des prévisions à l'OFCE, a brossé, le 17 avril, un tableau assez noir de la situation économique dans la zone euro. Une suite au constat qu’il avait déjà dressé en octobre 2013 et qui s’est encore dégradé. En présentant les chiffres de l’OFCE, il n’a pas hésité à évoquer le spectre de la déflation qui hanterait l’Europe.

Responsable de ce marasme, selon lui, les politiques de restriction budgétaire généralisées dans toute la zone euro. «Les pays développés vont rester englués dans le cercle vicieux d’une hausse du chômage, d’une récession qui se prolonge et de doutes croissants quant à la soutenabilité des finances publiques», affirme-t-il.
Prévisions d'avril 2013 de l'OFCE pour 2013 et 2014 (OFCE)

La Grèce en perdition
Parmi les grands ensembles économiques mondiaux, la zone euro est la seule à afficher un chiffre négatif pour 2013. Selon les prévisions, les USA voient leur croissance ralentir à 1,5% sous l’effet d’une politique budgétaire moins accommodante en raison des divergences politiques, le Japon afficherait une croissance de 1%, grâce notamment à sa politique de relance. Même le Royaume-Uni, qui est hors zone euro, devrait croître de 0,3%. Enfin, la Chine culminerait à 8,2% de croissance.
 
Dans la zone euro, pour 2013, les projectionnistes de l’OFCE tablent sur une très légère croissance en Allemagne et en Autriche (+0,4%) et en Belgique (+0,3%) et des reculs modérés ailleurs (-0,2% en France, -0,7% aux Pays-Bas). Les reculs sont beaucoup plus marqués dans le sud de l’Europe : -1,2% en Espagne, -2,5% au Portugal et -6% pour une Grèce en totale perdition.

Le prix des politiques budgétaires restrictives
Les économistes de l'OFCE expliquent très clairement les mauvais chiffres européens par l'importance des restrictions budgétaires en Europe. Ces restrictions faites pour afficher de meilleures résultats financiers ont des effets directs sur la croissance, ont expliqué Xavier Timbeau et Eric Heyer.

Ils ont estimé que quand on réduisait d'un point la dépense publique, la croissance reculait dans la même proportion en Europe. «Les demandes interne et externe, du fait des fortes interdépendances entres les pays de la zone euro, ont par conséquent continué à fléchir. Le vote des budgets pour l’année 2013 annonce d’ores et déjà la poursuite de ce scénario. Bien qu’en léger recul, l’impulsion budgétaire serait de -1,1 point de PIB. 2013 sera par conséquent une nouvelle année de récession dans la zone euro», note l'OFCE.

Après «quatre années d'efforts budgétaires considérables», selon l'expression de Xavier Timbeau, même Bruxelles partage l'analyse. «Dans un contexte de multiplicateurs élevés, l’effort budgétaire a un coût en termes d’activité», a reconnu l'Union européenne. Pourtant, la commission continue à prôner cette politique.

Une politique de déflation
«La poursuite de cette stratégie d’austérité budgétaire porte en elle le germe de la déflation salariale dans les pay les plus touchés. Les réformes structurelles imposées par la troïka consistant notamment à couper dans les rémunérations des fonctionnaires indiquent que cette déflation n’est pas subie, mais encouragée, avec pour objectif la restaurationde la compétitivité des pays en crise», ajoute Xavier Timbeau à son sombre constat.

Pour les économistes de l'OFCE, cette déflation porte le germe de récessions à venir, avec des risques de contagions au niveau de toute l'Europe. Paradoxalement, cette déflation va accroître l'endettement dans les pays qui sont touchés.

Déflation, le terme fait peur et renvoie directement aux années 30, quand certains pays avaient tenté de lutter contre la crise par la baisse des salaires et des prix, avec des conséquences catastrophiques, en Allemagne notamment. Plus récemment, le Japon a été victime d'une telle politique, paralysant sa croissance. Aujourd'hui, seuls les pays les plus touchés sont touchés par la déflation salariale. Mais partout une tendance à la baisse de la consommation des ménages touchés par la crise se manifeste.

Dans le sombre tableau dressé par l'OFCE, qui publie des chiffres semblables aux autres grands organismes de prévision, une information récente apportait cependant un léger espoir : la décision des Pays-Bas, pays classé plutôt comme rigoriste comme l'Allemagne, de renoncer à ramener le déficit public des Pays-Bas sous le seuil de 3% du PIB en 2014. Des économies de 4,3 milliards d'euros prévus pour le prochain budget pourraient être reportées.

Le signe d'un début de changement en Europe ?

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