Expulsions des Roms : Merkel contredit sèchement Sarkozy
Réactualisé à 11h30
Le sommet a été à l'image de l'atmosphère des derniers jours entre Paris et Bruxelles sur les Roms: très tendu.
"Malentendu"
Hier soir, Angela Merkel a apporté un démenti à des affirmations un peu plus tôt de Nicolas Sarkozy.
Lors de sa conférence de presse à l'issue du Conseil européen à Bruxelles, le président Sarkozy avait assuré que la chancelière lui avait confié avoir elle aussi l'intention de procéder dans les prochaines semaines à “ des évacuations de camps ”, une information qui avait aussitôt été démentie par des diplomates allemands.
_ L'Elysée n'a pas souhaité réagir hier soir aux déclarations du porte-parole de la chancelière allemande .
“On ne souhaite pas faire de réaction”, a-t-on déclaré dans l'entourage du chef de l'Etat français.
Ce matin, le ministre Allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle suppose qu'il s'est agi là d'un "malentendu", confirme que la chancelière n'a jamais tenu de propos de la sorte et ajoute que "ce serait d'ailleurs contraire à la Constitution allemande".
Échange "mâle et viril"
Lors de ce Conseil européen, il y a eu aussi l'échange très violent entre le président de la Commission José Manuel Barroso et Nicolas Sarkozy.
Le président de l'exécutif européen, visant implicitement la France, a rappelé que “la discrimination des minorités ethniques est inacceptable”.
Le chef de l'Etat a démenti avoir eu une explication orageuse avec M. Barroso pendant un déjeuner de travail. Mais, plusieurs participants au sommet ont affirmé l'inverse.
Le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, a parlé d'un échange “mâle et viril”. “Les éclats de voix étaient si forts qu'on entendait tout à l'autre bout du couloir”, a raconté un diplomate européen.
Plus diplomatique, Angela Merkel a évoqué une “discussion franche”. “Le déjeuner s'est bien passé, pour ce qui est de la qualité des plats”, a-t-elle ajouté.
"Entre la France et l'Allemagne, on se parle dru"
C'est Bernard Kouchner qui tente de dédramatiser. Le ministère des Affaires étrangères ne veut donner raison ni à Nicolas Sarkozy, ni à Angela Merkel. "Ils s'entendent très bien". Mais, c'est normal, "on se parle dru". D'ailleurs, avoue-t-il au sujet de la circulaire du 5 août sur l'expulsion des Roms "en priorité", moi aussi j'ai eu des "états d'âme vaporeux"...
Dans un signe d'apaisement, M. Barroso a reconnu que sa commissaire à la Justice et aux Droits fondamentaux, Viviane Reding, avait dérapé en comparant les renvois de Roms de France aux déportations de la Seconde Guerre mondiale.
“C'est vrai que dans la passion des débats, nous avons entendu des
commentaires exagérés”, a-t-il admis.
Mme Reding “l'a reconnu elle-même hier, d'autres devraient penser à faire de même”, a-t-il ajouté dans une allusion à certaines déclarations de responsables français à l'encontre de la Commission.
Devant la presse, le président français s'en est durement pris aux
déclarations de Mme Reding. “La totalité des chefs d'Etat et de gouvernement ont été choqués par les propos outranciers de la commissaire à la Justice”, a dit Nicolas Sarkozy.
Jean-Claude Juncker a lui-même jugé “excessif” le parallèle de la commissaire luxembourgeoise. Mais il a aussi jugé “pas convenables” les critiques émises contre le Luxembourg la veille par M. Sarkozy, quand celui-ci avait proposé que Mme Reding accueille des Roms dans son pays.
_ Malgré les menaces de la Comission européenne, Nicolas Sarkozy maintien sa politique de renvois des Roms.
Mikaël Roparz, avec agences
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