Grèce : l’accord vu d’Athènes et vu de Bruxelles
17 heures de négociations, et au final un accord au sein de la zone euro, qui permettra, s'il est appliqué par les Grecs, d'engager des discussions sur un éventuel troisième plan d'aide. Les correspondants de France Info Angélique Kourounis à Athènes et Quentin Dickinson à Bruxelles décrivent la façon dont cet accord est perçu sur place.
Vu de Grèce
Les grecs ont du mal à comprendre ce qu’ils considèrent être des mesures de récession. Ces mesures ne sont pas nouvelles, elles ont été appliquées depuis cinq ans en Grèce avec peu d’efficacité à ce jour. En même temps, ils sont très heureux qu’un accord ait été trouvé, car ils craignaient que le pays ne soit contraint de sortir de la zone euro.
Cet accord peut-il passer au parlement ? Si on tient les comptes des parlementaires, avec les conservateurs, les centristes et les socialistes (PASOK), on atteint 109 voix. Pour que cet accord passe, il faut que 49 députés Syriza l'acceptent. Sur les 149 députés du parti, cela semble possible. Mais on n’est pas à l’abri d’une surprise, estime notre correspondante, car les mesures préconnisées dans cet accord sont à l’opposé du programme de Syriza.
Colère contre l'Allemagne. Les Grecs qu’a rencontrés notre correspondante se sentent redevables vis-à-vis du président français dont ils saluent l’intervention en leur faveur. En revanche, ils en veulent énormément à l’Allemagne et surtout ils accusent Wolgang Schäuble, le ministre des Finances allemand, d’avoir cherché à les humilier gratuitement. Gratuitement parce que les mesures contenues dans l’accord auront du mal à être mises en œuvre. Les Grecs ont aussi le sentiment qu’on a cherché à les faire payer leur non au référendum et leur choix de Syriza en janvier. Pour eux, l’Allemagne a simplement pensé à ses intérêts, et savoir qu’elle était prête à envisager l’Europe sans eux les a beaucoup choqués. Un mouvement de boycott des produits allemand vient d’ailleurs d’être lancé par des internautes.
Vu de Bruxelles
D’après notre correspondant à Bruxelles, Quentin Dickinson, on pense que cet accord signe la sortie de la crise grecque. Une crise que l’on tend à faire commencer non pas il y a 5 ans, mais en 1981, quand la Grèce est entrée dans l’Union européenne, grâce à des statistiques falsifiées. Le sentiment à Bruxelles, c’est que nous sommes arrivés au moment de vérité, que nous avons évité le Grexit, et que l'accord permet à la Grèce de repartir sur des bases un peu dures mais tout à fait saines. A Bruxelles, on espère que ce plan sera le bon, et on le pense car les précautions prises sont beaucoup plus contraignantes, notamment pour le suivi des mesures.
Les critiques sur l'Allemagne sont jugées exagérées. Pour Bruxelles, l’Union européenne est un ensemble. Que la première économie de la zone ait plus de poids que les petits pays comme la Slovaquie ou la Slovénie, c’est l’évidence même. A Bruxelles, on a trouvé indécent que des caricatures montrent Wolgang Schauble avec un costume de SS. "Il y a des rapprochements historiques qui n’ont pas lieu d’être quand on essaie de trouver des solutions pratiques à un problème concret", explique notre correspondant.
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