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La "diplomatie du foot" tente de réconcilier Turcs et Arméniens

Le présidents turcs et arméniens doivent se retrouver ensemble dans la tribune d'un stade de football, à l'occasion d'un match de qualification des deux équipes pour le Mondial 2010. S'il n'y a aucun enjeu sportif - aucun des deux adversaires n'a de chance de qualification - l'enjeu symbolique en revanche est très important. Les deux pays se déchirent en effet depuis le génocide des Arméniens de 1915 à 1917.
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C'est un match retour,mais plus diplomatique que sportif. Le président arménien, Serge Sarkissian, avait invité son homologue turc, Abdullah Gül à Erevan, en septembre 2008 pour la première des deux rencontres que doivent disputer les deux équipes de football nationales dans le cadre des qualifications au Mondial 2010. Premier pas réussi puisqu'il est suivi d'un second, aujourd'hui, à Bursa, dans l'ouest de la Turquie. Cette fois, c'est Serge Sarkissian l'invité.

Sportivement, les jeux sont faits. Aucune des deux équipes n'a la moindre chance de se qualifier pour le prochain Mondial. Mais sur le terrain de la diplomatie, il pourrait y avoir deux vainqueurs, si aucun évènement ne vient perturber la rencontre.
_ Pour éviter tout “couac”, le gouvernement turc a pris les devant. Hier, devant le Parlement, le premier ministre Recep Erdogan, a appelé ses concitoyens à faire preuve d'hospitalité, et à éviter toute provocation. Abdullah Gül, de son côté, a reçu les autorités locales, des représentants de la société civile et des associations de supporters pour faire passer le même message.

Le gouvernement ne s'est pas contenté de bonnes paroles. Bursa, ville touristique à 400 km de la capitale turque, Ankara, sera sécurisée par plus de 3.000 policiers.

La réussite de cette tentative de réconciliation par le foot n'est toutefois pas garantie. La brouille entre les deux pays est profonde et douloureuse, puisqu'elle remonte au génocide des Arméniens entre 1915 et 1917. De nombreux pays, dont la France, ont reconnu cet évènement historique pour ce qu'il était, mais la Turquie s'est toujours refusée à admettre son rôle, niant la qualification de génocide. Si l'Etat tente aujourd'hui d'atténuer les blessures de l'Histoire, de nombreux turcs ne sont pas prêts à le suivre sur cette question.

Un autre dossier, plus récent, est venu aggraver le contentieux : la question du Nagorny Karabakh. Cette région de l'Azerbaïdjan, pays allié de la Turquie, est contrôlé par une minorité arménienne depuis une guerre dans les années 90. Tension séparatiste avivée par Erevan. C'est la cause de la fermeture des frontières entre les deux pays depuis 1993 et le gouvernement turc demande à l'Arménie de cesser ce soutien. Des associations pro-Azerbaïdjan ont distribué des milliers de drapeaux azéris et demandent aux supporters de les brandir au nez du président arménien.

Grégoire Lecalot, avec agences

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