Après le Brexit, la parole raciste se libère outre-Manche, où les agressions se multiplient
Francetv info revient sur ces évènements qui traduisent la division post-référendum du Royaume-Uni.
"Quittez l'Union européenne. Dehors, la vermine polonaise." Cette phrase a été inscrite sur des petites cartes, en anglais et en polonais. Au lendemain du vote pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, elles ont été laissées aux abords d'une école primaire, à Huntingdon, dans le Cambridgeshire. Selon Sky News (en anglais), des membres de la communauté polonaise dans la région en ont découvert, glissées sous leurs portes.
Alors que de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer la libération d'une parole raciste, encouragée par la décision du pays de quitter l'UE et les arguments de certains défenseurs du "leave", qualifiés de "xénophobes", une députée travailliste a assuré qu'elle demanderait au Parlement de se pencher sur ces incidents, afin de déterminer si le référendum avait effectivement joué un rôle de détonateur.
I will be putting in a parliamentary question to find out all incidents of racial hatred in the UK this weekend compared with last week
— Jess Phillips MP (@jessphillips) June 25, 2016
Francetv info revient sur ces évènements qui traduisent la division post-référendum du Royaume-Uni.
Plusieurs enquêtes en cours
Alors que la question de l'immigration a tenu un rôle central dans les débats qui ont précédé le scrutin, des associations de lutte contre les crimes racistes tirent la sonnette d'alarme, dimanche 26 juin. La baronne Sayeeda Warsi, membre de la chambre des Lords et ancienne partisane du "leave" passée dans le camp du "remain", craint que les agressions verbales ne soient en augmentation.
"J'ai passé le week-end avec des personnes qui travaillent sur les crimes raciaux, qui les recensent, a-t-elle dit à Sky News. Et elles ont reçu des témoignages très dérangeants de personnes disant avoir été arrêtées dans la rue et à qui l'on a dit : 'écoutez, nous avons voté pour la sortie [de l'UE], maintenant vous devez partir'."
Selon le Cambridge Evening News (en anglais), une enquête est en cours afin de déterminer qui est responsable de la distribution des tracts anti-Polonais. A Londres, la police se penche sur des inscriptions similaires qui ont été taguées sur les portes d'un centre social et culturel polonais, dans le quartier d'Hammersmith, dans l'ouest de la capitale.
Les internautes rapportent de nombreux incidents
Sur Facebook, un groupe qui recense des "signes inquiétants" de cette libération de la parole raciste reproduit des dizaines de tweets, échanges de textos et titres de journaux hostiles à plusieurs communautés, notamment les Polonais, les Roumains et les personnes de confession musulmane. Ces commentaires sont parfois adressés "à des gens et à des familles qui sont ici depuis trois, quatre ou cinq générations", relève la baronne Warsi. "L'ambiance dans la rue n'est pas bonne", poursuit-elle.
Rassemblés par The Independent (en anglais), les témoignages de personnes d'origine étrangère inquiètes, de victimes ou de témoins d'agressions verbales, voire physiques, se multiplient sur les réseaux sociaux, via le hashtag #PostRefRacism, "racisme post-référendum".
This weekend I and my family have witnessed 3 "when are you going home?" Racist incidents aimed at EU citizens here.
— Adam Boulton (@adamboultonSKY) June 26, 2016
My Polish taxi driver had epic road rage from having spent the day driving around people who were jubilant about him having to leave the UK.
— Sarah Le Blanc (@LadyMirtazapine) June 25, 2016
Racism and islamophobia scenes shown yesterday near a masjid at Birmingham. pic.twitter.com/ycmlIFFT4w
— 『Jamal』 (@Jamster_33) June 26, 2016
Une altercation entre deux hommes à Londres, durant laquelle l'un dit à l'autre de "rentrer dans son pays" ; une fillette roumaine pointée du doigt par un message anonyme inscrit sur les murs d'une école ; des manifestants rassemblés aux abords d'une mosquée de Birmingham, prêts à en découdre…Les témoignages s'accumulent. Si certains faits sont dénoncés comme étant faux ou impossibles à vérifier, les internautes insistent sur la multiplication des incidents : "Nous voyons déjà une augmentation du harcèlement et des agressions racistes", assure ainsi le texte de présentation de la page Facebook PostRefRacism. "Le fait que nous ayons voté pour quitter l'Union européenne ne veut pas dire que nous avons démocratiquement accepté le harcèlement raciste, les agressions, les intimidations ou les discours de haine."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.