"C'est un jour ordinaire pour moi, sauf que je vais pleurer" : les Britanniques ne vont pas tous fêter le Brexit
Le Royaume-Uni se prépare à célébrer, vendredi à minuit, sa sortie de l'Union européenne. Près de quatre ans après le référendum sur le Brexit, les Britanniques sont plus divisés que jamais.
Des drapeaux de l’Union Jack le long d’une grande avenue, un compte à rebours sur la façade de Downing Street... et c’est tout. A Londres, les festivités pour célébrer le Brexit qui sera effectif vendredi 31 janvier, à minuit heure de Paris, sont tellement discrètes que Liam a même failli passer à côté. "Je ne savais même pas que c’était aujourd’hui jusqu’à que je regarde les infos", confie cette mère de famille célibataire aux fins de mois difficile.
Pour elle, le Brexit est plutôt source de stress : "C'est donc un jour ordinaire pour moi sauf que je vais pleurer parce que je voulais rester dans l’Union européenne moi, admet cette londonienne. "[Avec le Brexit] j’ai peur que ma situation économique empire, c’est ça qui m’effraie."
Selon les derniers sondages, les partisans pro-européens sont majoritaires
Si le gouvernement n'a pas prévu grand-chose pour marquer le coup, c’est d’abord parce que le pays est plus divisé que jamais. Les derniers sondages montrent que 47% des Britanniques préféreraient rester dans l’Union européenne, contre 43% qui veulent toujours en sortir. Inutile, du coup, d’aggraver les tensions.
Quant à l’agenda du Premier ministre Boris Johnson ce vendredi ? Minimaliste, lui aussi. Pour célébrer l'évènement, le locataire du 10, Downing Street a prévu un simple message sur les réseaux sociaux et un conseil des ministres délocalisé à Sunderland, dans le nord ouvrier de l’Angleterre.
>> Le Royaume-Uni quitte l'Union européenne : on vous explique ce que nous réserve l'ère post-Brexit
Située à 450 km de la capitale, au bord de la mer du Nord, cette ville est devenue un symbole du Brexit dès le référendum de 2016 : ses 275 000 habitants avaient votés à 61 % pour le divorce avec l'UE, contre 52 % en moyenne dans le pays. Les images de liesse des partisans de ce divorce historique avaient fait le tour du monde.
De son côté, le parti du Brexit, présidé par l'europhobe Nigel Farage, promet des chants patriotiques et des discours vendredi soir devant le Parlement britannique. Mais Thomas, qui habite à Londres, n’ira pas : "J’étais contre le Brexit donc pas de fête pour moi, je reste chez moi", dit-il dans un français parfait avant de poursuivre en anglais, "franchement, j’ai de meilleures choses à faire ce soir".
Le triomphe modeste des "brexiters"
En janvier 1973, c'est avec une marche au flambeau que le Royaume-Uni célébrait son entrée dans l'Union européenne. Mais 47 ans plus tard, seuls les pro-Brexit vont faire la fête vendredi soir devant le Parlement comme Janice, 72 ans, qui a voté "leave" en 2016. "Oh yes !" s’exclame-t-elle.
On va sans doute prendre un café et manger un bout de gâteau avec mon petit groupe d’amis habituels.
Une Britannique pro-Brexità franceinfo
Toutefois, le champagne sera débouché plus tard dit-elle, "parce que ce n’est que le début : la sortie de l’Union européenne va prendre un an ou plus avant que tout soit finalisé avec les Européens". Le prochain rendez-vous, c'est en effet le 31 décembre 2020 avec la fin théorique de la période de transition.
Enfin, le parti conservateur du Premier ministre organise lui une tombola, et propose aux adhérents des tickets à 6 euros pour tenter de gagner une copie de l’acte de sortie de l’Union européenne signé par Boris Johnson. Il devait aussi y avoir les fameux goodies dont raffolent tant les Britanniques. Mais les tasses à thé, les badges et autres torchons de cuisine avec le slogan "J’ai fait le Brexit" n’ont pas été commandés à temps. Ils seront livrés avec plusieurs semaines de retard. Tout un symbole presque quatre ans après le vote du Brexit et avec un an de retard sur la date prévue de la sortie du Royaume-Uni.
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