Café République. À Londres, les Français de l'étranger s'intéressent de près à la présidentielle et comparent les modèles français et anglais
Chaque semaine, jusqu'au 23 avril, premier tour de la présidentielle, franceinfo donne la parole à des électeurs. Nouvelle étape jeudi, à Londres avec les Français de l'étranger partagés entre le Brexit qui risque de changer leur quotidien et l'élection présidentielle en France.
Comme chaque semaine avant le premier tour de l'élection présidentielle, Café République donne la parole à celles et ceux qu'on entend peu ou pas pendant les campagnes électorales. Après les Français d'origine asiatique, les mamans de banlieue en Seine-Saint-Denis, les médecins et sages-femmes en Ile-de-France, les lycéens dans le Val-d'Oise, les travailleurs pauvres à Bordeaux, les personnes handicapées à Marseille et les éleveurs en Lozère, franceinfo est allé, jeudi 13 avril, à la rencontre des Français de l'étranger.
Direction Londres, au Royaume-Uni, où vivent 225 000 de nos compatriotes, comme Charles, juriste, Albin, patron d'une start-up et Sandra qui enchaîne les petits boulots. Malgré l'expatriation, tous les trois se sentent très concernés par les prochaines échéances électorales mais aussi par le Brexit qui risque de changer leur quotidien.
Difficile de voter sans vote électronique
Charles, 27 ans, est arrivé dans la capitale britannique il y a 20 ans avec ses parents. Il n'a pas l'intention d'y vivre indéfiniment et déplore la suppression du vote électronique pour les Français de l'étranger, alors qu'il n'existe qu'une poignée de bureaux de vote à Londres. "En abolissant le vote électronique, dit-il, on ne va même pas avoir 10% de gens qui vont aller voter". D'autant que les Français de Londres "s'intéressent à la chose politique" assure Albin. "J'ai toujours assisté à des débats très intéressants entre Français ici", raconte cet entrepreneur de 47 ans.
Tous les trois sont bien décidés à voter mais Albin, qui représente la French tech à Londres, où il vit depuis quatre ans et demi, regrette que les politiques français ne s'emparent pas du dossier numérique. "C'est ce qui crée de l'emploi en France, affirme-t-il. Ce qui me désole c'est qu'il y a 1 650 000 jobs dans le numérique en Angleterre, et 800 000 en France."
Le numérique n'est pas un secteur, c'est une modification profonde des usages. Si les politiques ne comprennent pas ça, c'est vraiment grave.
Albin, Français et patron de start-up à Londresà franceinfo
Rentrer en France ? "Pour l'instant, j'attends de voir ce qu'il se passe avec le Brexit et les élections en France, indique Sandra, 26 ans, parce que selon le candidat, ce sera un choix de rentrer en France ou pas." La jeune femme de 26 ans est arrivée à Londres il y a un an et demi, elle ne devait rester que six mois mais maintenant elle espère décrocher un job dans le milieu artistique. Charles, lui aussi, ignore où il habitera dans quelques années, ce qui est sûr, dit-il, c'est que "Paris c'est un super musée et Londres c'est un super chantier. Il est toujours plus facile d'innover dans un chantier que dans un musée".
Le Brexit, les politiques et l'idéal européen
Albin est confiant dans l'issue du Brexit grâce au pragmatisme des Anglais. "Londres sans l'Europe et les étrangers, ce n'est plus Londres, affirme-t-il, donc je pense qu'ils vont faire en sorte que les ressortissants européens puissent rester. Au final, il y aura peut-être un statut particulier mais l'Europe a besoin de l'Angleterre et l'Angleterre a besoin de l'Europe".
Le Brexit est un rejet de l'Europe et d'une classe politique qui ne prend plus le temps d'expliquer pourquoi on fait les choses.
Charles, juriste français installé à Londresà franceinfo
Charles assure que, à Londres depuis le Brexit, "les Européens et une partie de la population anglaise trouvent un front commun" car ils ont réalisé qu'ils sont "l'incarnation de l'idéal européen". Charles, Albin et Sandra veulent tous les trois garder la nationalité française, quoi qu'il arrive.
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