"Je ne pensais pas que les politiciens puissent être si cons" : les résidents britanniques d'un petit village du Gers inquiets de leur avenir après le Brexit
Les résidents britanniques représentent 7% des habitants de Saint-Puy et le maire du village est très contrarié de ne plus pouvoir les faire élire dans son conseil municipal pour cause de Brexit.
Philip Thornton est installé à Saint-Puy dans le Gers depuis 20 ans. Cet ancien cadre à la retraite est membre du conseil municipal depuis 2014. Il parle français, est bien intégré et aime cette vie de village tranquille et solidaire. Le hic c'est qu'avec le Brexit, il va devoir quitter son siège. Et ce n'est pas la seule contrariété. Sa première inquiétude concerne la couverture maladie. En effet, les retraités d'un autre pays européen qui viennent vivre votre retraite en France peuvent y transférer leurs droits à l'assurance maladie et donc profiter de la Sécurité sociale. Mais avec le Brexit, pour Philip, "ce n'est pas clair ce qui va arriver."
On suppose qu'on pourra rester ici mais tout n'est pas définitif.
Philip Thornton, un élu britannique de Saint-Puyà franceinfo
Le plus important pour Philip Thornton est que 7% des 614 habitants de Saint-Puy qui sont britanniques n'ont "plus le droit de voter". "Je ne peux plus être membre du conseil municipal, déplore-t-il, et nous ne pourrons pas voter lors des élections régionales."
Le plus fou c'est que ces résidents britanniques, pour la plupart, ne peuvent plus voter non plus au Royaume uni. "Si vous avez quitté la Grande-Bretagne depuis plus de quinze ans, vous n'avez plus le droit de voter là-bas, explique Betty Backshall. Et après le Brexit, nous n'aurons pas le droit de voter ici en France."
Michel Labatut le maire de Saint-Puy a voulu intégrer cette communauté anglaise au village : "Il fallait qu'elle soit très rapidement intégrée et c'est ce qu'on a fait".
Philip est au conseil municipal, Sue joue dans deux orchestres de la commune, Gordon est président d'une association. Tous se sont intégrés dans différentes associations.
Michel Labatut, le maire de Saint-Puyà franceinfo
"On vit ensemble et il n'y a pas de différence entre Anglais et Français, affirme le maire. Aujourd'hui, ils font partie du village. Il n'y a pas de raison qu'ils soient exclus."
"Je pensais qu'on pourrait trouver une solution sans partir"
Keif Jones n'a plus de lien quasiment avec la Grande-Bretagne et il en veut à Boris Johnson, le Premier ministre britannique : "Ma vie est ici. Je n'ai plus de maison au Pays de Galles. Je pensais qu'on pourrait trouver une solution sans partir. J'avais tort. Je ne pensais pas que les politiciens britanniques puissent être si cons." Il a bien pensé à demander la nationalité française mais a vite été découragé, "trop de paperasses !", dit-il. Désormais tous croisent les doigts pour que les hommes politiques britanniques, français et européens leur laissent avoir un avenir dans ce petit coin du Gers.
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