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"Si on leur avait demandé, ils auraient choisi l'Europe" : après le Brexit, les Écossais de plus en plus attirés par l'indépendance

Alors que le Royaume-Uni divorcera de l’Union européenne dans quelques heures, les Écossais, qui avaient voté à 62% contre le Brexit, aspirent à retrouver l’Europe par le chemin de l’indépendance.

Article rédigé par franceinfo - Fabien Gosset et Marie-Pierre Vérot
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des militants participent à une manifestation contre le gouvernement conservateur, l'indépendance de l'Écosse et le Brexit devant le siège du Parlement écossais à Édimbourg, le 1er février 2020. (ANDY BUCHANAN / AFP)

C'est devant le Parlement d'Edimbourg, symbole de la souveraineté de la nation écossaise, que Michael Grey a donné rendez-vous à franceinfo, alors que le Royaume-Uni quittera dans quelques heures l’Union européenne. Au grand dam d’une majorité d’Écossais, qui se sont prononcés à 62% contre le Brexit en 2016 et ne décolèrent pas d’avoir été ignorés par Londres durant les tractations avec l’Union européenne. Aussi, ce fervent partisan de l'indépendance montre fièrement le drapeau européen qui continuera à flotter aux côtés des bannières écossaises et britanniques. Car ce dernier jour en Europe est aussi, pense-t-il, porteur d'espoir.

L'indépendance, espoir pour 2021

"On ne peut imaginer pire que 2020 : la ville est vide, les gens ont peur du virus, explique Michael Grey. Mais nous devons regarder avec optimisme vers l'année prochaine. Nous avons le vaccin, la gestion de l'épidémie par le gouvernement écossais est approuvée par tous et cela accroît la confiance que nous avons dans notre nation."

"Il s'agit pour nous de se projeter vers un avenir plus radieux et l'indépendance apporte aux jeunes cet espoir dans l'avenir."

Michael Grey, indépendantiste écossais

à franceinfo

Les jeunes, justement, sont désormais 75% à plébisciter l'indépendance. Selon les dernières études, ce sentiment s'enracine profondément. "Depuis le mois de juin, nous avons vu 17 sondages d'affilée qui, tous, donnent l'indépendance en tête, indique ainsi Kirsty Hugues. Bien sûr, six mois ce n'est pas très long, les gens peuvent changer d'avis. Mais je pense que nous assistons à un véritable bouleversement." "Nous sommes face au choix entre l’appartenance au Royaume uni ou à l’Union européenne, poursuit-elle. Je ne sais si cela viendra rapidement ou non mais c’est une question qui ne va pas disparaître."

Puisque Westminster a ignoré le vote des Écossais, leur a refusé tout siège à la table des négociations avec Bruxelles, l'amertume, voire la colère, sont d'ailleurs perceptibles ici, l’Écosse prendra le large, tôt ou tard. C’est le sentiment de la romancière Sarah Sheridan, qui redoute le Brexit. "Nous sommes tellement tristes : j’ai eu des amis en pleurs au téléphone aujourd’hui. Beaucoup sont mariés à des Européens et ils ne savent pas ce qui va se passer. Ils ont des enfants ici, qui vont à l’école."

Mais un sentiment est en train de s’enraciner, qui, c’est ce que souhaite cette écrivaine farouche partisane de l’indépendance, pourrait bien voir les Ecossais voter pour se séparer du Royaume uni lors d’un prochain referendum, avant de rejoindre l’Union européenne.  

"Je connais des gens qui étaient vraiment hostiles à l'indépendance et qui ont changé d'avis. Un de mes amis a un tatouage de l'Union Jack, le drapeau britannique, sur son bras. Et maintenant, il est pour l'indépendance."

Sarah Sheridan

à franceinfo

"Il y a eu des changements vraiment inattendus parce que, poursuit-elle, pour beaucoup d'Écossais, l'Union européenne compte énormément et les gens ne pensaient pas qu'ils devraient choisir entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Si on leur avait posé la question, ils auraient choisi l'Europe."
La neige tombe sur Édimbourg en ce dernier jour d'appartenance à l'Union. Mais les indépendantistes écossais n'attendront pas le printemps pour demander un nouveau référendum.

Après le Brexit, l'Ecosse rêve d'indépendance - reportage Fabien Gosset et Marie-Pierre Vérot

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