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"J'ai pensé à mon propre fils", témoigne le policier turc qui a retrouvé le corps d'Aylan

Mehmet Ciplak a découvert mercredi le petit réfugié syrien mort, gisant sur une plage de Bodrum, en Turquie.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Mehmet Ciplak, le policier turc qui a retrouvé le corps du petit Aylan, sur une plage près de Bodrum (Turquie), le 6 septembre 2015. (DURMUS GENC / ANADOLU AGENCY / AFP)

"J'ai un garçon de six ans, et lorsque j'ai vu cet enfant, j'ai pensé à mon propre fils et je me suis mis à la place de son père. Les mots ne peuvent pas décrire ce spectacle tellement triste." Le policier turc dont la photo, portant dans ses bras Aylan, âgé de trois ans, a fait le tour du monde, est revenu dimanche 6 septembre sur les conditions dans lesquelles il a retrouvé le corps du petit réfugié syrien sur une plage.

"Quand je me suis approché du bébé, je me suis dit 'Mon Dieu, pourvu qu'il soit toujours en vie', a déclaré Mehmet Ciplak à une agence de presse turque. Mais il ne montrait aucun signe de vie. J'étais effondré." Le policier a indiqué ne pas savoir qu'il avait été pris en photo. "Je faisais juste mon travail", a-t-il dit.

"Je tentais encore de tenir mes enfants par la main"

L'enfant gisait sur une plage de Bodrum (Turquie), face contre le sable, comme paisiblement endormi. Cette photo du petit garçon de trois ans a créé une onde de choc dans le monde. Le petit Aylan, son frère Ghalib, âgé de cinq ans, et leur mère sont tous morts noyés en tentant de rallier depuis la Turquie l'île grecque de Kos, porte d'entrée vers l'Union européenne.

Seul le père de la famille a survécu. Coiffeur aisé à Damas, Abdullah Kurdi a dû fuir son pays. Il s'exprime dans le JDD, dimanche. Il revient sur les circonstances du drame. "Quand le bateau a sombré, je tentais encore de tenir mes enfants par la main, j'essayais de tenir tout le monde, leur mère aussi. Eux essayaient de garder la tête hors de l'eau, de respirer... Mais Dieu n'a pas préservé leur vie. Quand Ghalib a expiré, après cinq minutes, j'ai essayé de sauver Aylan. Mais Aylan a expiré, lui aussi. C'est alors que j'ai regardé du côté de ma femme. C'était une adulte, je pensais qu'elle y arriverait. Et puis j'ai vu son corps flotter sur l'eau", raconte-t-il.

Quatre passeurs présumés inculpés et écroués

Après le naufrage qui a décimé la famille Kurdi, la police turque a arrêté jeudi quatre passeurs présumés, tous de nationalité syrienne. Ils ont été inculpés et écroués vendredi. Ces quatre hommes, âgés de 30 à 41 ans, ont été formellement accusés par un tribunal de la station balnéaire turque de Bodrum d'homicides involontaires et de "trafic d'immigrants". Elles sont placées en détention jusqu'à leur procès, a précisé le quotidien turc Hürriyet.

Au total, douze réfugiés syriens, dont Aylan Kurdi, sont morts dans la nuit de mardi à mercredi au large de Bodrum alors qu'ils tentaient de rallier l'île grecque de Kos.

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