Cet article date de plus de sept ans.
La Suède, le premier pays d'Europe où le paiement en espèces n'a pas d'avenir
Les pièces et les billets ont de moins en moins la cote auprès des banques et des Etats européens. En Suède, pays précurseur dans l’abandon des paiements en espèces, les consommateurs effectuent 80% de leurs achats sans espèces. Les plus réfractaires au paiement électronique sont généralement des personnes âgées vivant dans les zones rurales.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La Suède, qui est l'un des premiers pays européens à avoir émis des billets de banque en 1661, est en passe de devenir la première nation au monde sans argent liquide. En 2015, l'ensemble des transactions de détail en espèces ne représentait que 2%, contre 44% en France et 79% en Allemagne. Selon les prévisions de la Banque centrale de Suède, cette part devrait tomber de 2% à 0,5% d'ici 2020, un record.
Les Suédois n'utilisent plus d'espèces, que ce soit dans les transports publics ou dans les commerces, de plus en plus nombreux à refuser l'argent liquide. Le cash a même disparu des églises qui n'acceptent désormais que les dons électroniques. D'une manière générale, 80% des paiements s'effectuent par carte bancaire ou via des applications mobile comme Swish. Ce dispositif ultra-populaire a été créé conjointement par les six principales banques de Suède en 2012. Il a séduit en quatre ans 3,7 millions d'abonnés sur 9,5 millions d’habitants.
Les Suédois font particulièrement confiance aux moyens de paiement électroniques (carte bancaire, Swish) qui reposent sur le modèle du transfert entre comptes. Selon eux, c'est fiable et rapide. «La sécurité augmente. C’est aussi plus facile de faire les comptes et d’éviter les faux billets. Et ça coûte moins cher de prendre les paiements par carte que de payer le transport du liquide», expliquait il y a un an à Libération Bengt Nilervall, porte-parole de la Fédération suédoise du commerce.
Suède : bientôt le 1er pays sans #cash ? https://t.co/scEtPXOrBy #paiement #mobile #dématerialisation
— Arnaud Bodzon (@ArnaudBodzon) May 31, 2016
Le vieillissement de la population suédoise retarderait le basculement vers la monnaie entièrement dématérialisée. Les plus de 75 ans y sont particulièrement réticents. Selon Johanna Hallén, présidente de PRO, la principale association de retraités en Suède, «un tiers seulement utilisent Internet et 7% n’ont même pas de carte bancaire».
Plus que 78 milliards de couronnes suédoises circulent encore aujourd'hui, contre 106 milliards (11,5 milliards d'euros) en 2009, d'après la Riksbanken, la Banque centrale du royaume. Si la circulation de la couronne suédoise a chuté depuis de plus de 20% depuis 2009, ceux qui l'utilisent encore sont plutôt des hommes âgés, alors que l'usage de la carte bancaire, plus fréquent chez les femmes, augmente avec le revenu, l'éducation et la taille de l'habitation et du ménage, selon deux chercheurs suédois, cités par Le Figaro.
Outre la question du coût, la lutte contre la fraude fiscale et le blanchiment d'argent sont les raisons invoquées par les Etats pour supprimer les espèces, et notamment les grosses coupures. Mais, avertissent les réfractaires à cette solution, le risque c'est de donner aux banques centrales le pouvoir d'imposer des taux nominaux négatifs et d’éviter toute fuite des déposants qui auraient des velléités d'y échapper.
L'absence d'argent liquide «redonnerait une nouvelle arme de politique monétaire, évidemment utilisée dans des circonstances exceptionnelles, sous la forme de la fixation d’un taux d’intérêt négatif sur les dépôts des ménages et des entreprises», souligne l’économiste Didier Marteau, professeur à l’ESCP Europe au quotidien Libération.
La banque centrale suédoise a annoncé, le 16 novembre 2016, qu'elle réfléchissait à la mise en place d’une monnaie nationale numérique, l’«e-couronne». D'autres pays comme Singapour, la Chine, la Russie ou les pays Baltes réfléchissent à l'idée de lancer une version digitale ou électronique de leur monnaie, rapportent Les Echos.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.