La vidéo d'Elizabeth II faisant un salut nazi à 6 ans agite la presse britannique
Plusieurs journaux britanniques s'interrogent sur la pertinence d'une telle diffusion.
L'image provoque des remous outre-Manche, et suscite un vif débat dans les médias. Une vidéo de la reine Elizabeth II faisant le salut nazi à l'âge de 6 ans a été publiée par le quotidien The Sun, samedi 18 juillet, forçant Buckingham Palace à réagir. "Il est décevant qu'un film tourné il y a quatre-vingt ans et provenant apparemment des archives personnelles de la famille royale ait été obtenu et exploité de cette manière", a déclaré un porte-parole du palais dans un communiqué.
Plusieurs journaux britanniques s'interrogent sur la pertinence d'une telle diffusion : fallait-il publier cette vidéo, au risque d'insinuer que la reine, qui a servi dans l'armée pendant la seconde guerre mondiale contre les Nazis, et plus généralement sa famille, avaient une sympathie pour le IIIe Reich ?
"Qu'aurait dû faire le journal, détruire la vidéo ?"
Le Sun a justifié la publication de ces images en avançant qu'elles offraient "un aperçu fascinant des préjugés tordus d'Edouard VIII". "Nous les publions aujourd'hui en sachant qu'elles ne donnent en aucune manière une mauvaise image de notre reine, de ses défuntes soeur et mère", assure le journal. Stig Abell, un responsable éditorial du journal, a assuré que le film avait été obtenu de "manière légitime", et que sa publication avait été guidée par la portée "historique" du document.
Un avis partagé par le Guardian, quotidien de gauche dont la ligne éditoriale n'a pourtant pas grand chose à voir avec celle du Sun. "Qu'aurait dû faire le journal, après avoir obtenu le document ? Le détruire ? Le remettre à Buckigham Palace ?", s'interroge Roy Greenslade. Sur le fond, le journaliste estime que la vidéo est inoffensive pour la reine. "Personne ne va changer son regard sur elle", écrit-il, car "les gens vont voir l'incident pour ce qu'il était : un enfant sans conscience politique qui agit à la demande de son oncle et de sa mère".
Roy Greenslade juge néanmoins que la vidéo aurait dû être davantage accompagnée de contexte, ce qui aurait peut-être permis de lever l'ambiguïté de cette scène. "Si cela se trouve, ils étaient en train de parodier Adolf Hitler", poursuit-il.
Un historien "davantage intéressé par les réactions suscitées par la vidéo"
Le quotidien The Telegraph se montre plus critique contre le Sun. "Ce qui est passé est passé. Nous devons observer les événements historiques dans leur contexte, pas avec nos yeux d'aujourd'hui", souligne Tim Stanley. L'historien rappelle qu'au moment où la vidéo a été prise, en 1933 ou 1934, "personne ne savait ce qu'Hitler ferait". "Par ailleurs, la Grande-Bretagne se souciait surtout de la façon dont la politique allemande pourrait l'affecter", dit-il, et moins des risques que le régime nazi pourrait faire peser sur l'Europe.
En tant qu'historien, Tim Stanley "trouve que les réactions suscitées par la publication de la vidéo sont bien plus intéressantes que la vidéo elle-même". "Puisqu'ils savent ce qui s'est passé après, les gens ressentent le besoin de commenter pour commenter."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.