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«Les Bulgares sont dans l’UE. Mais ils sont restés à l’entrée!»
Avant-derniers arrivés dans l’UE en 2007 avec les Roumains, les Bulgares apprécient leur ancrage aux institutions européennes, observe Nadezhda Uzunova, journaliste à la télévision publique BNT à Sofia. Même s’ils ont l’impression de ne pas être encore des citoyens à part entière de l’UE…
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«Mes concitoyens sont des membres de fraîche date de l’Union européenne. Ils n’ont pas encore eu le temps de devenir eurosceptiques», explique avec humour Nadhez Uzunova. Pour la majorité d’entre eux, l’adhésion signifiait d’abord une amélioration de la situation économique du pays, précise-t-elle Autre intérêt d’une adhésion, à leurs yeux: forcer les autorités bulgares à aller au-delà des promesses et à s’atteler enfin à la lutte contre le crime et la corruption.
Un dossier très, très sensible... A tel point qu’en juillet 2013, Bruxelles avait menacé de geler une partie de son aide si Sofia ne luttait pas davantage contre la criminalité. Soumis à cette pression, le gouvernement bulgare a été obligé d’agir. «Dans ce cadre, notre pays a été placé sous surveillance pour changer son système législatif, juridique, judiciaire. C’est une bonne chose. Le problème, c’est que dans d’autres pays européens comme l’Italie, le crime et la corruption sont également très répandus. Et ils ne sont pas sous surveillance comme nous le sommes ! Dans ce contexte, les Bulgares ont l’impression de ne pas être considérés comme des Européens à part entière. Ils sont dans l’UE. Mais ils sont restés à l’entrée !»
Une situation qui a porté un coup à l’enthousiasme populaire vis-à-vis de Bruxelles. Y a également contribué l’attitude de l’UE vis-à-vis de l’afflux de réfugiés syriens fuyant la guerre civile dans leur pays en passant par la Turquie, pays frontalier de la Bulgarie. «C’est cette dernière, Etat le plus pauvre de l’Union, qui doit faire face seul à cette situation parce qu’il est le premier sur la route de ces réfugiés vers l’Ouest. Nous attendions l’aide de Bruxelles et des autres Etats membres. Elle n’est pas venue. Pour nous, le mot ‘‘solidarité’’ a un sens démodé ailleurs. Pourtant, cette solidarité a prévalu entre pays membres de la zone euro au moment de la crise financière. Mais pour le problème des réfugiés, la pratique semble plus compliquée», estime la journaliste.
Autre élément qui a contribué à assombrir le climat : les récentes réserves de la Grande-Bretagne vis-à-vis des immigrants bulgares et roumains, et notamment les propos du Premier ministre de sa gracieuse Majesté, David Cameron dans le Financial Times. «Ce n’est pas juste. Car ceux qui partent en Grande-Bretagne sont souvent des personnes très bien formées comme les médecins. Résultat: certains hôpitaux bulgares manquent cruellement de personnel», commente Nadhez Uzunova.
La campagne exclue des JT
Le scrutin européen de 2009 n’a guère intéressé les électeurs. «Les gens ne comprennent pas bien ce qui se passe à Bruxelles. Ils pensent qu’on dépense trop d’argent pour les députés». En 2014, ce n’est sans doute pas la campagne électorale qui va contribuer à les mobiliser. «La loi interdit de parler de la campagne dans le cadre des journaux télévisés. Résultat : les partis politiques s’expriment dans le cadre de chroniques pour lesquelles ils doivent payer».
Pour autant, précise Nadhez, cette non-couverture «n’est pas forcément une mauvaise chose. Car pendant une période électorale, nous pouvons couvrir tranquillement les problèmes de la société sans être continuellement harcelés par des hommes politiques… En temps ordinaire, ceux-ci viennent toujours polluer nos sujets pour proposer des solutions populistes et en tirer profit auprès de leurs électeurs».
Néanmoins, le scrutin de 2014 risque d’intéresser l’électorat pour des raisons… de politique intérieure. Car actuellement, le pays est gouverné par une coalition hétéroclite regroupant les socialistes et le parti de la minorité turque soutenu par un mouvement d’extrême droite. Depuis un an, la société civile organise des manifestations contre cette situation. «Le gouvernement a promis qu’il s’en irait s’il perdait les élections européennes. Conséquence : l’enjeu ne sera pas l’avenir de l’Europe mais celui du pouvoir en place en Bulgarie», conclut la journaliste.
Un dossier très, très sensible... A tel point qu’en juillet 2013, Bruxelles avait menacé de geler une partie de son aide si Sofia ne luttait pas davantage contre la criminalité. Soumis à cette pression, le gouvernement bulgare a été obligé d’agir. «Dans ce cadre, notre pays a été placé sous surveillance pour changer son système législatif, juridique, judiciaire. C’est une bonne chose. Le problème, c’est que dans d’autres pays européens comme l’Italie, le crime et la corruption sont également très répandus. Et ils ne sont pas sous surveillance comme nous le sommes ! Dans ce contexte, les Bulgares ont l’impression de ne pas être considérés comme des Européens à part entière. Ils sont dans l’UE. Mais ils sont restés à l’entrée !»
Une situation qui a porté un coup à l’enthousiasme populaire vis-à-vis de Bruxelles. Y a également contribué l’attitude de l’UE vis-à-vis de l’afflux de réfugiés syriens fuyant la guerre civile dans leur pays en passant par la Turquie, pays frontalier de la Bulgarie. «C’est cette dernière, Etat le plus pauvre de l’Union, qui doit faire face seul à cette situation parce qu’il est le premier sur la route de ces réfugiés vers l’Ouest. Nous attendions l’aide de Bruxelles et des autres Etats membres. Elle n’est pas venue. Pour nous, le mot ‘‘solidarité’’ a un sens démodé ailleurs. Pourtant, cette solidarité a prévalu entre pays membres de la zone euro au moment de la crise financière. Mais pour le problème des réfugiés, la pratique semble plus compliquée», estime la journaliste.
Autre élément qui a contribué à assombrir le climat : les récentes réserves de la Grande-Bretagne vis-à-vis des immigrants bulgares et roumains, et notamment les propos du Premier ministre de sa gracieuse Majesté, David Cameron dans le Financial Times. «Ce n’est pas juste. Car ceux qui partent en Grande-Bretagne sont souvent des personnes très bien formées comme les médecins. Résultat: certains hôpitaux bulgares manquent cruellement de personnel», commente Nadhez Uzunova.
La campagne exclue des JT
Le scrutin européen de 2009 n’a guère intéressé les électeurs. «Les gens ne comprennent pas bien ce qui se passe à Bruxelles. Ils pensent qu’on dépense trop d’argent pour les députés». En 2014, ce n’est sans doute pas la campagne électorale qui va contribuer à les mobiliser. «La loi interdit de parler de la campagne dans le cadre des journaux télévisés. Résultat : les partis politiques s’expriment dans le cadre de chroniques pour lesquelles ils doivent payer».
Pour autant, précise Nadhez, cette non-couverture «n’est pas forcément une mauvaise chose. Car pendant une période électorale, nous pouvons couvrir tranquillement les problèmes de la société sans être continuellement harcelés par des hommes politiques… En temps ordinaire, ceux-ci viennent toujours polluer nos sujets pour proposer des solutions populistes et en tirer profit auprès de leurs électeurs».
Néanmoins, le scrutin de 2014 risque d’intéresser l’électorat pour des raisons… de politique intérieure. Car actuellement, le pays est gouverné par une coalition hétéroclite regroupant les socialistes et le parti de la minorité turque soutenu par un mouvement d’extrême droite. Depuis un an, la société civile organise des manifestations contre cette situation. «Le gouvernement a promis qu’il s’en irait s’il perdait les élections européennes. Conséquence : l’enjeu ne sera pas l’avenir de l’Europe mais celui du pouvoir en place en Bulgarie», conclut la journaliste.
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