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Les Suisses vont pouvoir contrôler les salaires des patrons

Les électeurs ont approuvé dimanche des mesures visant à interdire les parachutes dorés et à mieux contrôler les rémunérations des dirigeants d'entreprises cotées en Bourse.

Article rédigé par franceinfo avec Reuters
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Le sénateur Thomas Minder (c) pose avec des membres du comité de soutien à l'initiative populaire, le 3 mars 2013 à Schaffhausen (Suisse). (FABRICE COFFRINI / AFP)

Il ne fait pas toujours bon être patron en Suisse. Lors d'un référendum d'initiative populaire, les Suisses se sont exprimés, dimanche 3 mars, en faveur de la mise en place d'un système de contrôle des rémunérations des dirigeants d'entreprises parmi les plus stricts au monde. Selon les résultats définitifs, 68% des électeurs ont approuvé ces mesures. Il revient désormais au parlement fédéral de traduire ce projet en loi.

Que prévoit le texte ?

Lancée en 2008 par le sénateur et entrepreneur Thomas Minder, cette initiative populaire fédérale donne aux actionnaires un droit de veto sur le montant des salaires. Elle interdit également les primes d'entrée et les indemnités de départ ("parachutes dorés") dans les sociétés cotées en bourse.

"Le peuple suisse a décidé d'envoyer un signal fort aux conseils d'administration, au Conseil fédéral et au Parlement", s'est réjoui Thomas Minder, interrogé par la radiotélévision suisse après les premières projections. Ce dernier affirme que son initiative vise moins à limiter les salaires des grands patrons qu'à lutter contre leurs logiques de court terme.

Pourquoi un tel succès ?

L'initiative a rapidement trouvé un large écho auprès des Suisses après la quasi-faillite de la banque UBS en 2008, imputée par beaucoup aux placements risqués, générateurs de bonus généreux pour les banquiers. Elle a ainsi été signée par 100 000 personnes afin de permettre l'organisation du vote.

La colère des Suisses contre les paiements abusifs a été encore alimentée le mois dernier par l'affaire du "parachute doré" du patron du groupe pharmaceutique, Novartis. Daniel Vasella a reçu une somme de 72 millions de francs suisses (près de 60 millions d'euros), à laquelle il a dû renoncer.

La Suisse va-t-elle perdre ses grands patrons ?

Les partisans du texte défendu par Thomas Minder balaient les craintes du patronat en soulignant que la Suisse continuera d'attirer les grands groupes internationaux avec son faible taux d'imposition, sa stabilité politique et ses règlements favorables aux entreprises. De plus, rien n'indique que, malgré leur nouveau droit de veto, les actionnaires censureront les plans de rémunération de leurs dirigeants. 

Les entreprises pourraient trouver le moyen de contourner le carcan de l'initiative Minder. "Si une entreprise veut verser 25 millions à un haut dirigeant, elle trouvera toujours le moyen de le faire en dépit de l'initiative", affirme Rolf Soiron, président du cimentier Holcim et de la société de biotechnologie Lonza.

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