Les Vingt-Sept ont validé comme prévu dimanche le plan d'aide à l'Irlande au terme de six heures de réunion à Bruxelles
Les marchés étaient plus que sceptiques lundi après l'accord entre Dublin, l'Europe et le FMI sur un prêt de 85 milliards d'euros. L'euro baissait par rapport au dollar et les bourses étaient en recul.
Sur les 85 milliards d'euros, 35 milliards doivent servir à renflouer et à restructurer les banques irlandaises.
L'Irlande devra payer un taux moyen et flexible de 5,8% par an, soit plus que celui consenti à la Grèce (5,2%). Mais il est cependant inférieur à celui redouté dans le pays ces derniers jours. 50 milliards d'euros seront consacrés au renflouement de l'Etat celtique, dont le déficit public devrait atteindre cette année 32% du produit intérieur brut (PIB).
L'UE a par ailleurs donné à Dublin un an de plus, jusqu'en 2015, pour ramener dans la limite européenne autorisée de 3% du PIB son déficit public astronomique.
Qui fournira les 85 milliards d'euros d'aide ?
Le plan prévoit une répartition entre le FMI contribuera à hauteur le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et l'Irlande.
L'Etat irlandais contribuera lui à hauteur de 17,5 milliards d'euros. Le reste, soit 67,5 milliards d'euros, sera financé pour un tiers, soit 22,5 milliards d'euros, par le Mécanisme européen de stabilisation financière (instrument garanti par le budget de l'UE), pour un autre tiers par le FMI, et pour le tiers restant par le Fonds européen de stabilité de la zone euro et --hors zone euro-- les prêts bilatéraux du Royaume-Uni (3,8 milliards), de la Suède (0,6 milliard) et du Danemark (0,4 milliard).
Les 17,5 milliards d'euros que devra débourser l'Etat irlandais proviendront du Fonds national de réserve pour les retraites "ainsi que d'autres liquidités nationales", a indiqué le Premier ministre Brian Cowen. L'hypothèse d'une ponction sur le fonds de retraite avait suscité un vif mécontentement de l'opposition et de la population ces derniers jours.
Réorganisation et nationalisation de fait du secteur bancaire
Le programme va conduire à une "réorganisation fondamentale du secteur bancaire", qui en sortira "plus petit et d'une taille mieux adaptée à celle de notre économie", a assuré dimanche le Premier ministre irlandais Brian Cowen.
Sur les 35 milliards d'aide attendus pour renflouer les banques, une dizaine de milliards seront "immédiatement" injectés dans la recapitalisation des banques, a-t-il annoncé.
Car il y a urgence pour éviter que le système bancaire irlandais tout entier ne s'écroule, avec des conséquences imprévisibles et une probable contagion sur l'ensemble du secteur en Europe, ont souligné tous les analystes.
Deux groupes bancaires, Allied Irish Banks (AIB) et Bank of Ireland (BoI), devraient être les grands bénéficiaires de cette injection de capital pour leur éviter la faillite. Conséquence directe, les deux banques vont passer dans le giron de l'Etat, ce qui conduira à une nationalisation quasi-totale du secteur en Irlande (la 3e grande banque du pays ayant déjà été nationalisée en catastrophe).
Dublin promet de ne pas faire défaut de paiement
"Ce pays a une obligation et est dans la position de pouvoir payer ses dettes. (ne pas faire défaut) aurait des conséquences gigantesques, bien au-delà de nos frontières. Nous ne sommes pas un pays irresponsable", a assuré dimanche le Premier ministre irlandais.
Un sondage publié dimanche par le journal irlandais Sunday Independent révèle que 57% des 500 personnes interrogées estiment que l'Irlande devrait faire défaut sur ses paiements, contre 43% qui pensent le contraire.
Le plan d'aide à l'Irlande sera-t-il le dernier ?
En s'engageant à soutenir l'Irlande, l'UE et le FMI espèrent stopper un incendie financier qui menace déjà de gagner d'autres pays aux finances publiques fragiles comme le Portugal et l'Espagne, et de déstabiliser toute l'Union monétaire.
Tandis que l'Irlande mettait vendredi la dernière main au plan de sauvetage, le Portugal et l'Espagne, malmenés sur les marchés, ont été contraints de démentir des informations selon lesquelles ils pourraient devoir aussi demander une aide.
Pour rassurer les marchés, les ministres de la zone euro ont également accéléré , appelé à voir le jour mi-2013, en remplacement du mécanisme actuel, temporaire.
Manifestation à Dublin contre l'austérité
Samedi à Dublin,pour protester contre le sauvetage à venir et le plan d'austérité.
Les partis d'opposition, donnés gagnants pour les élections anticipées attendues dans les semaines qui viennent, ont promis de rejeter tout accord qui imposerait des taux d'intérêt élevés sur les prêts accordés à leur pays. Ils redoutaient un taux de 6,7%. Le taux plus doux finalement consenti dimanche, de 5,8%, pourrait contribuer à faire avaler la pilule aux 4,3 millions d'habitants de la petite île.
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