"Cette ambiance martiale ne me plaît pas" : à Moscou, des réactions mitigées après la "mobilisation partielle" annoncée par Vladimir Poutine
Vladimir Poutine a annoncé mercredi la "mobilisation partielle" pour la suite de la guerre en Ukraine, 300 000 Russes vont être appelés. Une décision diversement accueillie en Russie, avec une fracture marquée entre les générations.
Une mère, Elena, et son fils, Youri, opposés dans les rues de Moscou, comme le symbole d'une société russe divisée après le discours de Vladimir Poutine, mercredi 21 septembre. Tous les deux se promènent dans une rue commerçante, et comme beaucoup de Russes, ils ont tous les deux écouté les informations au réveil. Et notamment la mobilisation de centaines de milliers de réservistes pour relancer l'offensive en Ukraine : "Si l'intégrité territoriale de notre pays est menacée, a prévenu le pésident russe, nous utiliserons bien sûr tous les moyens à notre disposition pour défendre la Russie et notre peuple".
Elena soutient ouvertement la politique de Vladimir Poutine. Bien qu'elle soit mariée avec un Britannique, cette sexagénaire considère que c'est bien l'Occident qui a poussé la Russie à décréter la mobilisation. "Je suis très étonnée que le monde entier soit surpris que nous prenions ces mesures, s'agace-t-elle. Cela signifie que personne n'écoutait la Russie ? Et là, tout le monde se demande comment cela est possible ? Nous sommes en train de régler ce conflit, nous ne l'avons pas commencé."
À ses côtés, son fils, Youri, 35 ans, fait un peu la grimace. S'il ne veut pas trop contrarier sa mère, il n'est pas du tout du même avis. Les deux générations s'opposent frontalement. "J'ai mon propre avis, lui répond-il, peut-être que je ne vais pas trop le donner ouvertement, mais ça ne me plaît pas... Cette ambiance militaire et martiale dans mon pays ne me plaît pas."
La crainte d'une escalade
La fracture entre générations autour de la guerre en Ukraine est assez classique en Russie depuis le début du conflit. Elle se retrouve encore renforcée après les annonces du président russe. Youri n'est pas mobilisable, il n'est pas visé par le décret qui vient d'être signé. Il n'empêche que, selon lui, un cap vient d'être franchi avec l'annonce de référendums dans les territoires occupés par la Russie.
"Si le résultat des référendums à Donetsk et Lougansk aboutit à leur intégration dans la fédération de Russie, alors ce ne sera plus l'opération militaire spéciale, mais la vraie guerre. C'est pour cela qu'ils ont annoncé la mobilisation."
Yourià franceinfo
Sa mère Elena pense, elle, qu'il faut assumer les décisions du pouvoir, quoi qu'il en coûte, et ce même si des jeunes hommes comme son fils doivent être envoyés au front. "Bien sûr que j'ai peur, j'ai des enfants. Cette situation, ce n'est pas comme si tu allais t'amuser dans un festival. En tant que mère, je comprends que cette situation soit sérieuse et effrayante, mais je pense que ce qu'il se passe est justifié. C'est la réponse que nous devons apporter", argumente-t-elle sous les yeux de son fils.
Leurs deux points de vue paraissent une fois encore irréconciliables. Alors comme beaucoup de Russes, Elena et Youri évitent de parler de l'Ukraine au quotidien.
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