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Comment Moscou réagit face aux sanctions

Mercredi 30 juillet, les responsables russes visés par ces pénalités financières, économiques ou militaires, multiplient les menaces à l'égard des Occidentaux.

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Vladimir Poutine entouré de son cabinet, dans sa résidence de Novo-Ogaryovo, près de Moscou, mercredi 30 juillet 2014.  (ALEXEI NIKOLSKY / RIA-NOVOSTI)

Frappée par de nouvelles sanctions américaines et européennes, Moscou promet de répliquer. Annoncées à un moment où les forces ukrainiennes intensifient leur offensive pour isoler les insurgés, ces mesures sont les plus sévères jamais prises contre Moscou depuis la fin de la Guerre froide. Mercredi 30 juillet, les responsables russes visés par ces pénalités financières, économiques ou militaires, multiplient les menaces à l'égard des Occidentaux. 

L'occasion pour francetv info de faire le point sur la crédibilité de la réponse russe. 

Moscou menace d'une hausse des prix de l'énergie

"Les conséquences pour Washington de cette politique destructive et à courte vue vont être très concrètes", a prévenu le ministère des Affaires Etrangères russe mercredi. Les sanctions prises par Bruxelles "auront inéluctablement pour résultat une hausse des prix sur le marché de l'énergie en Europe", a-t-il fait valoir. "La Russie aurait peut-être envie de répondre à ces sanctions, mais de quelle manière ? Arrêter de fournir du gaz et du pétrole ? Et comment alors payer les retraites en Russie ?", s'interroge le directeur de l'Institut d'analyse stratégique FBK à Moscou, Igor Nikolaev, cité par l'AFP.

Depuis le mois de mars et l'escalade des tensions diplomatiques entre Russes, accusés de soutenir les rebelles séparatistes dans l'Est de l'Ukraine, et Occidentaux, les experts ne croient pas à l'hypothèse d'un arrêt de l'acheminement du gaz russe vers les pays européens, diversement dépendants de ces livraisons – les pays Baltes, la Finlande, la Pologne et l'Allemagne seraient les plus pénalisés. "La Russie aussi est dépendante de l'Europe, car une grande partie de ses recettes provient de ces livraisons", expliquait à l'époque Claudia Kemfert, spécialiste allemande des questions énergétiques à Eurasia, citée par Le Parisien.fr

Mercredi, Alexandre Kateb, directeur du cabinet de conseils Compétence Finance et maître de conférences à Sciences-Po, relativise. "Oui, la Russie exporte deux tiers de son gaz vers l'Europe, explique-t-il dans une interview au Nouvel Obsmais [cela] commence à changer, avec les liens tissés avec d'autres pays. La Russie est partenaire du Brésil qui a de gros opérateurs comme Petrobras. La logique voudrait que la Russie renforce aussi sa coopération avec les Chinois et les Indiens."

Moscou minimise l'impact de ces sanctions

Après l'annonce par l'UE de restrictions à l'accès des banques d'Etat russes aux investisseurs européens et l'ajout de trois établissements financiers russes à la liste noire de Washington, la Banque centrale de Russie a assuré de son côté que "toutes les mesures seraient prises, en cas de besoin, pour soutenir les banques" touchées. "Les difficultés qui pourront surgir dans certains secteurs de l'économie russe seront sans aucun doute surmontées", a pour sa part assuré le ministère des Affaires Etrangères.

La presse russe se dit également confiante en la capacité du pays à faire face. Quand certains martèlent que les sanctions sont inutiles, le quotidien Izvestia assure pour sa part qu'elles sont même contre-productives, ne faisant "que rassembler davantage le peuple russe autour des autorités, parce qu'elles seront interprétées comme une tentative des Etats-Unis de remporter une victoire sur la Russie". Le vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine, a quant à lui choisi d'ironiser sur les sanctions prises à l'encontre des chantiers navals militaires russes : cela montre qu'ils "deviennent un problème pour les ennemis de la Russie", a-t-il tweeté.

Les analystes, en revanche, ne sont pas aussi rassurants. Pour Nikolaï Petrov, de la Haute Ecole d'Economie de Moscou, les nouvelles sanctions "frappent directement l'économie" et "ses effets se feront rapidement sentir pour les Russes ordinaires."

Moscou contre-attaque 

Les services vétérinaires russes ont annoncé mercredi l'interdiction des importations de fruits et légumes de Pologne. Moscou se défend d'avoir pris cette décision en réponse aux sanctions, faisant état d'un problème sanitaire "ancien", selon Alexeï Alekseenko, porte-parole des services de surveillance vétérinaire et phytosanitaire. Cependant, la plupart des experts l'interprètent comme une mesure de rétorsion, explique l'AFP. Et pour cause, Moscou dit réfléchir à une extension de cette suspension à l'ensemble des pays de l'Union européenne. La Russie achète pour l'équivalent de plus de deux milliards d'euros par an de fruits et légumes venant de l'UE. 

Dans le passé, les Russes ont régulièrement été soupçonnés de prendre le prétexte d'inspections sanitaires pour régler en réalité des litiges diplomatiques. Avant les légumes polonais, la Russie a décidé de limiter à partir de lundi "ses importations de produits laitiers en provenance d'Ukraine, évoquant des risques sanitaires, alors que Kiev a entamé son rapprochement commercial avec l'Union européenne", a rapporté RevenuAgricole.fr. "Début juillet, Moscou avait également interdit les importations de pommes de terre ukrainiennes, évoquant une infestation d'insectes ravageurs."

Petro Poroshenko, le président ukrainien et homme d'affaires, est propriétaire de Roshen, une entreprise de confiserie. Forbes estime que sa fortune atteint un milliard d'euros (754 millions d'euros). De nombreux observateurs disent souvent qu'il est l'une des personnalités les plus influentes dans la politique ukrainienne.

Dès août 2013, la Moscou avait déclaré à l'Ukraine la guerre du chocolat, expliquait le site Euractiv.fr. Arguant un non respect des normes, cette mesure prise contre la marque Roshen semblait viser son propriétaire, Petro Poroshenko, ancien ministre, devenu plusieurs mois plus tard président ukrainien. A l'époque, il venait de rencontrer à Bruxelles le commissaire en charge de l'élargissement et de la politique européenne de voisinage, Stefan Füle, ainsi que plusieurs eurodéputés, clamant "que son pays devait se conformer aux normes de l'UE."

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