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Conférence internationale de soutien à l'Ukraine : "Il faut immédiatement penser à ces questions de reconstruction", selon un économiste

Deux sommets pour soutenir l'Ukraine sont organisés ce mardi à Paris. L'un, pour aider le pays à faire face à l'urgence de l'hiver. L'autre, pour réfléchir à sa reconstruction à plus long terme.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Ce qui était une école, transformée en caserne à Mykolaïev en Ukraine. Des lieux cibles pour les bombardements et des morts à chaque fois, combattants et civils.  (MAURINE MERCIER / RADIO FRANCE / RTS)

"Il faut immédiatement penser à ces questions de reconstruction" de l'Ukraine, déclare mardi 13 décembre sur franceinfo Julien Vercueil, économiste et vice-président de Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). "Le fait de pouvoir projeter les acteurs économiques dans un avenir qui n'est pas bouché est fondamental pour la reprise économique", explique-t-il alors que la Conférence internationale de soutien à l'Ukraine organisée à Paris avec plus d'une quarantaine d'États a permis d'engranger près d'un milliard d'euros de dons pour le pays.

franceinfo : Pourquoi faut-il parler de reconstruction si tôt alors que les combats continuent ?

Julien Vercueil : Il faut immédiatement penser à ces questions de reconstruction notamment parce que les dommages qui ont été infligés à l'économie ne concernent pas seulement les infrastructures mais aussi la chute d'activité, la perte de confiance de la population dans l'avenir. Ces questions immatérielles qui sont liées à la manière dont les agents économiques envisagent le futur sont cruciales pour assumer et assurer la mobilisation de l'économie et sa résilience. Donc le fait de pouvoir projeter les acteurs économiques dans un avenir qui n'est pas bouché est fondamental pour la reprise économique.

Est-ce qu'il y a également un enjeu de modernisation du pays avec cette reconstruction ?

C'est une question fondamentale de dire qu'il faut reconstruire l'Ukraine en mieux. C'est-à-dire en faisant en sorte que les infrastructures détruites – héritées pour beaucoup de la période soviétique – soient repensées, reconstruites, réorientées pour une économie qui se plonge dans le XXIe siècle.

Est-ce qu'a travers cette reconstruction il y a une perspective d'adhésion à l'Union européenne ?

La reconstruction dans la perspective de l'UE n'est pas matérielle mais institutionnelle. La question est de savoir si les règles de fonctionnement de l'économie [ukrainienne] correspondront à ce qui est attendu d'une économie capable de travailler sur un pied d'égalité avec les pays membres de l'UE. Et si elle a la capacité de faire face à la concurrence européenne qui est rude. Derrière cela, il y a les questions de corruption ou encore d'indépendance de la justice. Des points fondamentaux pour faciliter l'accession à l'UE.

Est-ce qu'on peut parler de "donnant-donnant" dans cette volonté des pays prêteurs à la reconstruction de l'Ukraine ?

Dans tous les cas, cette aide est un investissement. Un voisinage stabilisé et prospère est préférable pour les Européens à un voisinage dans la guerre et la corruption. Ensuite, il ne faut pas être ingénus, il faut comprendre qu'il y a également la possibilité de faire des affaires et du commerce pour les entreprises qui seront positionnées dans la reconstruction de l'Ukraine.

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