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Témoignage Guerre en Ukraine : "On sait à quel prix on a hissé notre drapeau sur ce village", raconte un soldat après la bataille de Robotyne

En pleine contre-offensive, l'Ukraine a gagné quelques kilomètres avec la conquête d'un village du sud-est du pays, ces derniers jours. franceinfo a pu joindre l'un des chefs d’une unité d’infanterie qui a combattu.
Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La 28e brigade mécanisée, sur ses nouvelles positions proche de Kurdiumivka, sur le flan sud de Bakhmout (photo d'illustration). (NICOLAS CLEUET / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Depuis plusieurs jours, les autorités ukrainiennes font part d'un changement de stratégie dans le cadre de la contre-offensive. Le ministre des Affaires étrangères du pays, qui s'exprimait mercredi devant des diplomates français à Paris, n'a pas caché l'objectif fixé par Kiev : se diriger désormais vers la Crimée, au Sud, pour isoler cette péninsule occupée par les Russes depuis 2014.

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Cette semaine, les troupes ukrainiennes ont fait un premier pas vers cet objectif avec la conquête du village de Robotyne, dans la région de Zaporijjia, dans le sud-est de l'Ukraine. Quelques kilomètres repris aux Russes, mais la progression est ralentie par les systèmes de défense mis en place par les occupants. 

"Les troupes russes ont eu du temps pour se préparer à cette contre-offensive"

Igor et les hommes de la 47e brigade auront mis deux mois à conquérir ce petit village de Robotyne, transformé en véritable forteresse. "Quand on a hissé le drapeau sur Robotyne, et quand on sait à quel prix on l'a fait, bien sûr, on a senti en nous des émotions positives, raconte Igor. Les troupes russes sont là depuis plus d’un an. Ils ont eu du temps pour se préparer à cette contre-offensive", explique le chef d'unité.

Et il poursuit : "Ils ont donc construit des fortifications, des tranchées antichars et des blocs de béton qui empêchent les engins d'avancer". Alors, Igor et son unité tentent de trouver un chemin, à travers champ, avec les blindés.

 

"Sur un terrain où nos engins veulent passer, il peut y avoir 100, 200 mines antichars, peut-être même plus."  

Igor, chef de brigade

À franceinfo

Mais il faut avancer parce que quand ils sont stoppés par un champ de mines, les soldats sont la cible de l'artillerie et des tanks. "Dans les petits bois, cinq gars à nous, sur deux mètres carrés, ont sauté en même temps sur des mines. Sur ce petit périmètre, c'est vous dire que la quantité de mines antipersonnels est aussi très importante."  

Victoire précaire

Grâce au service de renseignements, la brigade d'Igor parvient à obtenir les plans des champs de mines russes. L'avancée est facilitée. Viennent ensuite les combats rapprochés dans le village et enfin la victoire.

"Je ne vais pas vous dire que c'était facile. Beaucoup de gars sont fatigués moralement et physiquement. Mais nous avons une grande motivation."

Igor, chef de brigade

à franceinfo

Il explique que "tout le monde comprenait que Robotyne était importante dans le cadre de notre opération". Le village est situé en hauteur et "grâce à cette position, ce sera plus simple d'avancer." Plus simple, ça reste à voir, parce qu'Igor le confesse lui-même, désormais le temps presse : "Tout le monde comprend que, dès que la saison des pluies commencera, l'avancée ne sera pas la même qu'aujourd'hui."

Et tout le monde comprend que l'objectif majeur des Ukrainiens, la Crimée, est encore loin : à plus de 200 kilomètres de Robotyne. 

"Nous avons une grande motivation", raconte un soldat qui a participé à la conquête de Robotyne

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