: Témoignage "On n'avait pas la possibilité de refuser" : une adolescente ukrainienne de retour de colonies forcées en Crimée raconte sa reconstruction
Une quinzaine d’enfants ukrainiens sont de retour dans leurs familles, se félicite le président Volodymyr Zelensky. Ces mineurs, comme des centaines d’autres, avaient été séparés de leurs proches, souvent à l’occasion de colonies de vacances, et maintenus de force pendant des mois sur des territoires occupés par la Russie. Grâce au travail d’associations comme Save Ukraine, des dizaines d’enfants ont déjà pu rentrer au pays ces derniers mois. Mais ce retour dans leurs familles ukrainiennes est parfois difficile.
Diana a 15 ans. Elle vivait encore avec sa famille à Kherson, au début de l’automne 2022, quand les autorités d’occupation russe ont mis en place ces colonies de vacances obligatoires, pour les élèves de son école : "Le professeur nous a distribué des formulaires à remplir, en nous expliquant qu’on était tous obligés de partir en colonie, en Crimée. On n'avait pas la possibilité de refuser."
Travaux d'entretien, programme scolaire russe
Avec son petit frère et sa petite sœur, elle se retrouve loin de ses parents. Officiellement, pour deux semaines seulement. "Mais ensuite, le pont de Crimée a été attaqué, raconte Diana. Et les Russes nous ont dit que nous devions rester sur place, pour notre sécurité." Les conditions se dégradent : les vacances n’en sont plus. Diana et les autres doivent accomplir des travaux d’entretien, étudier le programme scolaire russe. Six mois s’écoulent.
Elle remarque, un soir, un groupe d’ados sur le départ, avec leurs valises : "L'une de mes amies avait trouvé un moyen de rentrer en Ukraine !" Diana fournit alors à ses parents le contact de l’association Save Ukraine, qui parvient à l’extraire à son tour, en mars 2023 : "Quand j’ai retrouvé ma mère, elle avait plein de larmes, elle nous embrassait en nous disant 'Je ne vous lâcherai plus jamais !'" Pourtant, les semaines qui suivent leurs retrouvailles ne sont pas simples : "Au début, je ne voulais pas être près de mes parents. Je ne sais pas… J’étais un peu fâchée contre eux."
Ses séances de thérapie l’aident à renouer avec sa famille. Mais pour Olena, la psychologue de l’association, les blessures sont bien réelles : "Ce sont des enfants traumatisés. Ils ont des troubles du sommeil ou du comportement alimentaire… Et puis des peurs, qui apparaissent ! Ils ont été séparés longuement de leur famille, donc il faut recoudre petit à petit ces relations…" Diana, elle, dit qu’elle se sent aujourd’hui plus mature. Elle était devenue là-bas comme une deuxième mère, pour son petit frère et sa petite sœur. À leur retour, la famille a quitté Kherson, leur maison détruite par un bombardement. Tous reconstruisent peu à peu leur vie, ensemble, à Kiev.
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