Témoignage Persécutions, enlèvements, tortures : des Ukrainiens originaires de Crimée dénoncent les crimes de guerre commis par l'occupant russe

Des Ukrainiens travaillent clandestinement en Crimée pour y documenter les crimes de guerre qui s'y déroulent.
Article rédigé par franceinfo - Maurine Mercier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
À Sébastopol, en Crimée, le 19 mars 2023. Photo d'illustration. (VLADIMIR ALEKSANDROV / ANADOLU AGENCY / VIA AFP)

C'est la première région à avoir été annexée par la Russie, en 2014. La presqu'île de Crimée, enjeu sans doute le plus sensible de la guerre en Ukraine, à la fois symbolique et géopolitique. Moscou en a fait une base militaire d’où partent ces missiles sur l'Ukraine. Il y a trois jours, Kiev a bombardé le port militaire, à Sébastopol.

Depuis l’annexion, la répression ne fait qu’augmenter dans la région. Et encore plus depuis l’invasion à grande échelle. Franceinfo a recueilli le témoignage d'une association qui enquête et documente les crimes de guerre en Crimée. 

Enquêtes clandestines à haut risque

Olga, la trentaine, se présente sans détour : "Je suis présidente d’une organisation qui travaille publiquement à Kiev, mais clandestinement en Crimée". En 2014, la Russie annexe la Crimée. "C’est à partir de là que nous avons commencé à nous occuper des droits de l'homme, parce que les enlèvements et les persécutions à grande échelle ont commencé", explique l'Ukrainienne. 

Deux amis d'Olga, également militants pour la démocratie, sont arrêtés. Très vite, Olga est à son tour menacée. Elle se souvient : "I
ls m'ont dit que je serai la prochaine, et que mon mari ne me retrouverait jamais. Les services de renseignement de l’armée russe m’ont donné deux heures pour rassembler mes affaires. J’ai dû quitter la Crimée". Sa Crimée, occupée, transformée en prison pour y enfermer les Ukrainiens capturés dans les territoires récemment occupés par l’armée russe. 

110 prisonniers victimes de torture

Forcée à l’exil, Olga travaille depuis sans relâche avec l’aide de ceux qui sont restés, et qui à leurs risques et périls, documentent le plus discrètement possible les crimes de guerre. La répression s’est encore aggravée depuis l’invasion à grande échelle, témoigne la jeune femme. "Je vous donne un exemple parmi tant d’autres : il y a deux semaines, sept simples civils ont été arrêtés dans ma petite ville natale. On les accuse d’avoir tenté de renverser le régime en Russie".

"À Simferopol, le renseignement (ndlr : FSB) russe a ouvert un deuxième centre de détention. Nous avons réussi à y documenter la présence d’au moins 110 prisonniers. Et tous, tous sont victimes de tortures. Ils ne reçoivent pratiquement aucun soin médical. Ils risquent tout simplement de mourir."

Olga

à franceinfo

À défaut de pouvoir les aider activement tant que la Crimée est occupée, Olga et ses collègues enquêtent, documentent. Leur espoir : constituer des dossiers pour contribuer au travail de la justice internationale, afin que les responsables puissent être jugés et condamnés, Vladimir Poutine en tête. 

Crimes de guerre en Crimée : reportage de Maurine Mercier

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