En Ukraine, "on chantera même à genoux" : dans le métro de Kiev, des chants et des danses traditionnels pour conjurer la guerre

C'est une tradition que les habitants de Kiev perpétuent depuis au moins vingt ans et qu'ils sont déterminés à faire perdurer malgré la guerre.
Article rédigé par Agathe Mahuet - Yashar Fazylov
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les habitants de Kiev continuent de venir danser dans le métro malgré la guerre. (AGATHE MAHUET - RADIO FRANCE)

Danser, malgré la guerre. En Ukraine, depuis des années, des habitants de Kiev, plutôt âgés, se retrouvent chaque week-end dans un grand couloir du métro, pour partager des danses traditionnelles. Et cette habitude perdure. Même si le groupe s’est réduit depuis le début de l’invasion russe, la musique est toujours là.

Olena, 71 ans, son beau foulard ukrainien aux fleurs colorées sur les épaules, virevolte dans le vaste couloir du métro . "J’aime ça, danser. La danse c’est ma vie. Ça me nourrit. Je viens ici en continu depuis 2002, ça fait 22 ans !", lance-t-elle gaiement. Et la guerre n’a pas changé ce rendez-vous. "On ne peut pas s’enfermer, la vie continue. Mon gendre est au front, depuis le premier jour, il protège notre chère Ukraine. Mais moi, qu’est-ce que je peux faire ? Moi, je danse, ça me donne de la force. Et il n’y a rien de mal à ça", témoigne-t-elle. Son frère Nikolaï, 86 ans, est aussi là, fier dans son costume, tournant sur un air folklorique.

"Avant, il y avait aussi de la musique soviétique, mais désormais, ce ne sont que des airs ukrainiens. La musique russe, maintenant, on la rejette !"

Nikolaï, 86 ans

à franceinfo

Olena et son frère Nikolaï viennent danser dans le métro depuis 20 ans. (AGATHE MAHUET - RADIO FRANCE)

Ihor est l'un des musiciens. Lui joue de l’accordéon. Ce soir-là, il joue pour son fils, mort au front l’été dernier. "J’ai enfin pu l’enterrer. Il est au ciel. Cela faisait des mois qu’il était porté disparu. C’est mon héros. Je suis fier d’avoir un tel fils", confie-t-il. Svetlana, elle a un tambourin en main, et c'est elle qui chante. "Avant la guerre, il y avait près de 200 personnes qui venaient là. Et on était tellement de musiciens que les gens faisaient la queue, pour jouer. C’était joyeux. On était comme une famille. Maintenant, vous voyez, avec la guerre... ll y a ceux qui sont partis. Ceux qui sont morts."

"Il n'y a plus que nous deux mais on tient à cette tradition. Et on va continuer tant qu’on le pourra. L’Ukraine ne se rendra jamais ! L’Ukraine va gagner !"

Svetlana, la chanteuse

à franceinfo

"Nous les Ukrainiens, on est un peuple qui aime chanter. Et nos textes, nos chansons, ne mourront jamais ! Jamais. On chantera même à genoux", martèle Ihor.

Les danseurs du métro de Kiev : reportage d'Agathe Mahuet et Yashar Fazylov

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