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Guerre en Ukraine : après la mobilisation partielle décrétée en Russie, les centres de recrutement reçoivent les premiers hommes enrôlés

Les premières lettres de convocation ont été reçues le lendemain de l'allocution de Vladimir Poutine qui a décrété la mobilisation partielle en raison de la guerre en Ukraine. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un appel à la conscription dans l'espace public dans les rues de Saint-Pétersbourg, le 20 septembre. Photo d'illustration. (OLGA MALTSEVA / AFP)

C'est l'heure de la mobilisation en Russie, au sens propre, après l'annonce mercredi 21 septembre par Vladimir Poutine de recourir à la mobilisation "partielle" pour renforcer l'armée en difficulté en Ukraine. Les choses ne trainent pas puisque partout dans le pays remontent des informations ou des images montrant des hommes en train d'être enrôlés. Manifestement les courriers de convocation ont dû partir avant même le discours du président russe puisque dès jeudi les premiers sont arrivés dans les boîtes aux lettres. Les centres de recrutement, les Voenkomat comme on dit en russe, commencent à accueillir les mobilisés. Des hommes de tous âges, qui se présentent avec leur courrier en main.

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Les choses vont très vite à Moscou. Devant uun commissariat militaire du centre de la capitale, certains ont pris la précaution d'emporter quelques affaires. Beaucoup ont le visage fermé, ne souhaitent pas s'exprimer. Youri, un Moscovite de 35 ans, père de deux enfants, a l'air plutôt détendu. Fils et petit fils de militaire, il part confiant. "J'ai reçu une convocation, ils m'ont dit que c'était la mobilisation on part dans un camp d'entrainement à 15 heures, ils ne nous ont pas dit où", raconte le Moscovite.

"Il n'y a pas de quoi s'inquiéter, nous avons un commandant en chef qui décide. Et puis d'abord, ils ne nous enverront pas sans formation. De quoi faut-il avoir peur ? C'est le destin."

Youri, Moscovite mobilisé

à franceinfo

Youri a fait son service militaire, il y a 15 ans mais depuis il n'a plus touché à une arme. On voit des images en provenance d'extrême orient où la police est venue chercher les étudiants sur leur lieu de cours en Bouriatie, près du lac Baïkal. Sur l'île de Sakhaline, à l'extrême est du pays, des mineurs qui remontaient du puit après leur équipe de nuit étaient attendus, et certains sont directement montés dans le bus de l'armée. Il semble que beaucoup de mobilisés viennent de régions reculées et pauvres mais pas seulement, on mobilise aussi à Moscou ou à Koursk par exemple, dans l'ouest du pays tout près de la frontière ukrainienne.

Des hommes mobilisés avec de l'expérience militaire ?

Le ministre de la Défense Sergueï Choïgou avait assuré dans la foulée du discours de Vladimir Poutine que seuls partiraient les hommes ayant servi dans l'armée, ayant une spécialité militaire et ayant l'expérience du terrain. En résumé, les anciens militaires ou les spécialistes. C'est le cas des pilotes d'Aeroflot dont il semble que certains commencent à être appelés. Mais dans les faits, on commence à voir se multiplier les témoignages d'hommes qui n'ont que très peu d'expérience militaire être appelés en Ukraine.

Kirill un jeune magasinier de 22 ans qui arrive au bureau accompagné de son grand père. "J'ai fait mon service militaire mais c'est tout, explique le jeune homme. Ça a été un choc au début quand il est devenu clair que tout le monde serait mobilisé. C'était inattendu que ce soit si soudain. Je n'ai pas encore appelé ma mère, ça va être la merde... Si j'appelle, elle va être hystérique." Un peu plus tard, Kirill s'effondre en larmes. Derrière lui, Vladislav à peine plus âgé sort soulagé. Il est catégorie C et ne sera pas appelé tout de suite.

Des doutes sur le nombre de mobilisés

On voit sur les réseaux sociaux des images de bus qui partent, avec les femmes, les enfants qui pleurent sur les parkings. On continue encore à entendre parler d'hommes qui fuient le pays. D'ailleurs, il semble que certaines régions aient pris des dispositions pour interdire à tous les hommes mobilisables de quitter le territoire. Ce n'est pas le cas à Moscou, mais c'est le cas dans l'est du pays notamment.

Le pouvoir russe annonce le chiffre de 300 000 mobilisés, mais il y a des doutes qui sont apparus ces dernières heures. Ces doutes viennent du fait, qu'on a découvert qu'il y avait un article du décret présidentiel de mobilisation qui est classifié et tenu secret. Le Kremlin l'a confirmé et a expliqué que ce point concernait le nombre de personnes qui pouvaient être mobilisées. Le journal en exil Novaia Gazeta écrit qu'une source au sein du Kremlin lui a affirmé que cet article prévoyait que jusqu'à un million d'hommes pouvaient être mobilisés. Difficile de savoir si c'est un objectif, ou un maximum théorique. En tout cas, le Kremlin dément ce chiffre d'un million  qui sera de toute façon impossible à vérifier.

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