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Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir de la journée du lundi 14 mars

L'armée russe "n'exclut pas la possibilité de prendre le contrôle total des grandes villes qui sont déjà encerclées" en Ukraine, a annoncé lundi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des immeubles ravagés par une attaque russe à Kiev (Ukraine), le 14 mars 2022.  (ALEJANDRO MARTINEZ / ANADOLU AGENCY / AFP)

Des bombardements meurtriers ont frappé l'Ukraine, où l'offensive russe s'est élargie à l'ensemble du pays, lundi 14 mars. La quatrième session de négociations entre Moscou et Kiev, entamée lundi, se poursuivra mardi après une "pause technique", a rapporté Mykhaïlo Podoliak, un négociateur et conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky. 

Plusieurs milliers de militaires ont perdu la vie depuis le lancement de l'invasion russe du territoire ukrainien, le 24 février. Au moins 596 civils ont péri, selon un décompte de l'ONU sans doute très inférieur à la réalité. Enfin, plus de 2,8 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début du conflit, d'après l'ONU, qui recense également quelque 2 millions de déplacés à l'intérieur du pays.

Neuf morts dans une frappe dans l'ouest

Une frappe des forces russes contre une tour de télévision à Antopil, près de la ville de Rivne, dans l'ouest de l'Ukraine, a fait neuf morts et neuf blessés lundi, ont affirmé les autorités locales. "Deux missiles" ont touché la tour de télévision du village, ainsi qu'un bâtiment administratif situé juste à côté.

A Kiev, deux personnes ont été tuées dans des bombardements russes qui ont visé un immeuble résidentiel et l'usine aéronautique Antonov, a annoncé la mairie de la capitale ukrainienne. A Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine, un bombardement de l'armée russe a fait deux morts, d'après le parquet régional.

Dans l'est du pays, à Donetsk, les séparatistes prorusses soutenus par Moscou ont affirmé qu'une frappe de l'armée ukrainienne avait visé le centre-ville, faisant au moins 16 morts selon le "ministère" local de la Santé, et 23 morts selon le puissant Comité d'enquête russe. L'armée ukrainienne a fermement démenti ces accusations.

Moscou menace de "prendre le contrôle total" des grandes villes ukrainiennes

"Le ministère de la Défense, en assurant la sécurité maximale des populations civiles, n'exclut pas la possibilité de prendre le contrôle total des grandes villes qui sont déjà encerclées", a annoncé lundi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Il a assuré que le cas échéant, des couloirs humanitaires seraient préservés.

Ces derniers jours, les combats se sont intensifiés autour de Kiev, presque entièrement encerclée. La capitale est "une ville en état de siège", a estimé dimanche un conseiller du président ukrainien. A la périphérie nord-ouest de Kiev, théâtre de violents combats depuis plusieurs jours, un premier journaliste étranger, l'Américain Brent Renaud, est mort dimanche, atteint à la nuque par une balle d'origine incertaine.

Nouvelle coupure d'électricité à Tchernobyl

L'Ukraine a accusé lundi l'armée russe d'avoir à nouveau coupé l'alimentation électrique de l'ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl, et d'avoir fait exploser des munitions près d'un réacteur de la grande centrale de Zaporojia, les deux étant sous contrôle de Moscou. 

Les autorités ukrainiennes avaient indiqué dimanche avoir rétabli l'alimentation électrique de l'ancienne centrale de Tchernobyl, qui a toujours besoin d'énergie pour assurer la sécurité optimale des assemblages combustibles stockés sur place. "Mais avant que l'alimentation ne soit pleinement rétablie, les forces d'occupation l'ont à nouveau endommagée", a indiqué lundi l'opérateur ukrainien du site, Ukrenergo, sur Facebook. Pour l'heure, Moscou n'a pas répondu à cette accusation. 

Quelque 150 000 personnes évacuées par des couloirs humanitaires

Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, "environ 150 000 personnes" ont pu quitter des régions bombardées grâce à des couloirs humanitaires, a déclaré lundi  l'adjoint au chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Kyrylo Timochenko, cité par l'agence de presse Interfax-Ukraine. "Nous avons mis en place 26 couloirs humanitaires. Grâce à eux, des bus ont pu évacuer un très grand nombre de gens", a-t-il assuré. 

Ces couloirs humanitaires ont été instaurés dans les régions de Kiev, Soumy, Kharkiv, dans le nord-est du pays et à Zaporojie (est). De même, dans les régions séparatistes prorusses de Donetsk et Lougansk, des couloirs ont permis d'aider des civils à fuir les combats, a affirmé le responsable. 

Pour la première fois depuis des jours, un convoi de 210 voitures a pu quitter le port stratégique de Marioupol (sud-est) en direction de Zaporojie, mais s'est arrêté à Berdiansk, selon Ismail Hacioglu, président de l'association de la mosquée Suleiman de Marioupol. Un convoi d'aide humanitaire, qui cherche depuis des jours à entrer dans la ville, a également été bloqué lundi par les soldats russes à Berdiansk, selon les autorités ukrainiennes. 

De nouvelles sanctions européennes

L'Union européenne a décidé de sanctionner de nouveaux oligarques russes, notamment le milliardaire Roman Abramovitch, propriétaire du club anglais de football de Chelsea. 

Ces mesures font partie d'un quatrième train de sanctions européennes contre Moscou, approuvé lundi après-midi par les ambassadeurs des 27 à Bruxelles. Elles "entreront en vigueur dès leur publication au Journal officiel de l'Union européenne", a précisé sur Twitter la présidence française du Conseil de l'UE. Cette publication est attendue mardi dans la journée.

Avant son extension, 862 individus et 53 entités russes figuraient sur cette liste noire qui interdit l'entrée sur le territoire de l'UE et autorise le gel des avoirs des personnes et entreprises visées.

"Un ouragan de famines"

Le secrétaire général de l'ONU a mis en garde contre les répercussions de la guerre en Ukraine, qui risquent de se traduire par "un ouragan de famines" dans de nombreux pays. L'Ukraine est en effet un important producteur et exportateur de céréales, notamment de blé.

"L'Ukraine est en feu" et "le pays est en train d'être décimé sous les yeux du monde (...). Nous devons faire tout notre possible pour éviter un ouragan de famines et un effondrement du système alimentaire mondial", a déclaré Antonio Guterres à des médias à New York.

De son côté, le FMI a estimé que l'économie de l'Ukraine pourrait se contracter jusqu'à 35% si la guerre venait à s'enliser. 

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