Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir de la journée du mercredi 16 mars
Un théâtre abritant "des centaines de civils" a été fortement endommagé par une frappe aérienne russe dans le port assiégé de Marioupol, a annoncé mercredi la mairie de cette ville du sud-est de l'Ukraine.
Les frappes russes se sont poursuivies en Ukraine, mercredi 16 mars, vingt-et-un jours après le début de l'invasion russe. Plusieurs fortes explosions ont retenti à l'aube dans l'ouest de Kiev, suivies d'épaisses colonnes de fumées noire dans le ciel de la capitale, sous couvre-feu jusqu'à jeudi matin.
Un théâtre abritant "des centaines de civils" visé à Marioupol
Un théâtre abritant "des centaines de civils" a été fortement endommagé par une frappe aérienne russe dans le port assiégé de Marioupol, a annoncé mercredi la mairie de cette ville du sud-est de l'Ukraine. "L'avion a largué une bombe sur le bâtiment où s'abritaient des centaines de civils. Il est impossible d'établir le bilan dans l'immédiat car les bombardements des quartiers d'habitation se poursuivent", a écrit la mairie sur Telegram, en publiant une photo du théâtre dont la partie centrale est détruite. "L'entrée de l'abri est bloquée par les débris. Les informations sur les victimes sont en cours de vérification", a-t-elle ajouté. Le ministère russe de la Défense a pour sa part démenti, accusant le bataillon nationaliste ukrainien Azov de cette frappe.
A Kharkiv, trois autres personnes ont perdu la vie sur un marché dans un incendie provoqué par un bombardement, selon les secours. Des frappes russes ont par ailleurs touché une gare de Zaporojie, ville du sud du pays jusqu'alors épargnée, qui sert de refuge aux habitants de Marioupol fuyant via un couloir humanitaire. Selon l'armée ukrainienne, les forces russes ont tiré au lance-roquettes multiple sur des civils fuyant le port assiégé, faisant un nombre non précisé de morts.
Dix personnes qui faisaient la queue pour acheter du pain ont également été tuées par des tirs russes à Tcherniguiv, dans le nord de l'Ukraine, a annoncé le parquet général ukrainien. Dans cette même ville, une frappe sur un immeuble d'habitation a fait au moins cinq morts, dont trois enfants, d'après les secouristes.
Pour Biden, Poutine est "un criminel de guerre"
Il emploie ces termes pour la première fois. Le président américain, Joe Biden, a qualifié son homologue russe Vladimir Poutine de "criminel de guerre" mercredi. Le dirigeant a tenu ses propos face à une journaliste, qui l'interrogeait alors qu'il quittait un événement à la Maison Blanche. "Le président parlait avec son coeur et à partir de ce que vous avez vu à la télévision, c'est-à-dire les actions barbares d'un dictateur brutal", a réagi sa porte-parole Jen Psaki, peu après. Celle-ci a précisé qu'une "procédure juridique (était) toujours en cours au département d'Etat" sur une qualification légale de "crimes de guerre" commis par la Russie en Ukraine.
Aucun responsable américain n'avait jusqu'à présent utilisé publiquement les termes "criminel de guerre" ou "crimes de guerre", au contraire d'autres Etats ou organisations internationales. Le Kremlin a rapidement réagi, évoquant des propos "inacceptables et impardonnables".
Une aide militaire supplémentaire d'un milliard de dollars
Joe Biden a également confirmé mercredi l'envoi de 800 millions de dollars d'aide militaire supplémentaire à l'Ukraine, soit une enveloppe totale "sans précédent" d'un milliard de dollars en une semaine en réponse à l'invasion russe. "A la demande" du président ukrainien Volodymyr Zelensky, "nous aidons l'Ukraine à se doter de systèmes de défense antiaérienne", a précisé Joe Biden lors d'une courte allocution. Sans surprise, il n'a pas accédé à la demande du chef d'Etat ukrainien de mettre en place une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine.
Le dirigeant ukrainien s'est exprimé mercredi par visioconférence devant le Congrès américain, qui l'a ovationné. "Dans votre grande Histoire, vous avez des pages qui vous permettent de comprendre les Ukrainiens", a-t-il lancé aux élus américains. "Souvenez-vous de Pearl Harbor, ce terrible matin du 7 décembre 1941, quand votre ciel était assombri par les avions qui vous attaquaient", "souvenez-vous du 11-Septembre, ce terrible jour de 2001", a-t-il ajouté dans cette allocution. "Cette terreur, l'Europe ne l'a pas vécue depuis 80 ans." "Est-ce trop demander, de créer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine, pour sauver des gens ?", a ensuite demandé Volodymyr Zelensky.
Le Kremlin revendique un "succès"
Vladimir Poutine a assuré mercredi que son opération militaire en Ukraine était un "succès", affirmant que Moscou ne laisserait pas ce pays devenir une "tête de pont" pour des "actions agressives" contre la Russie.
Lors d'une réunion gouvernementale diffusée à la télévision, le président russe a également comparé l'avalanche de sanctions et de condamnations occidentales frappant la Russie aux "pogroms antisémites". Il a assuré que la Russie surmontait le "blitzkrieg" économique occidental, promettant des aides aux particuliers et entreprises.
Moscou demande la neutralité de l'Ukraine, Kiev refuse
Les pourparlers russo-ukrainiens se poursuivaient mercredi, avec la proposition russe d'un statut neutre de l'Ukraine, sur le modèle suédois ou autrichien.
Le négociateur en chef ukrainien a rapidement refusé "un modèle suédois ou autrichien". "L'Ukraine est maintenant en état de guerre directe avec la Russie. Par conséquent, le modèle ne peut être qu''ukrainien'", a déclaré l'un des négociateurs ukrainiens dans les négociations avec Moscou, Mykhaïlo Podoliak, dans des commentaires publiés par la présidence. Il a précisé vouloir des "garanties de sécurité absolues" face à la Russie, dont les signataires s'engageraient à intervenir du côté de l'Ukraine en cas d'agression.
La Russie exclue du Conseil de l'Europe
Le Conseil de l'Europe, garant du respect de l'Etat de droit sur le continent, a exclu officiellement mercredi la Russie du fait de l'invasion de l'Ukraine. Moscou avait pris les devants en annonçant officiellement qu'il claquait la porte du Conseil, organisation basée à Strasbourg, à laquelle le pays avait adhéré en 1996.
La Cour internationale de justice (CIJ), plus haut tribunal de l'ONU, a également ordonné mercredi à la Russie de suspendre immédiatement ses opérations militaires en Ukraine. Les jugements de la CIJ sont contraignants et sans appel, mais la cour n'a aucun moyen de les faire respecter.
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