Guerre en Ukraine : ce que l'on sait de l'utilisation des armes occidentales pour viser des cibles militaires russes
Après le feu vert de certains de ses alliés, le coup d'accélérateur de l'Ukraine. Désormais autorisée par plusieurs pays à viser des objectifs militaires sur le territoire russe avec des armes occidentales, Kiev n'a pas tardé à se saisir de cette permission dans la région de Belgorod, selon des médias et responsables ukrainiens.
Face à cette nouvelle étape dans le soutien à Kiev, le Kremlin menace les nations qui autorisent les forces ukrainiennes à frapper son territoire à l'aide d'armes qu'elles leur fournissent. Franceinfo vous résume ce que l'on sait de la mise en application de cette récente autorisation.
Plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis et la France, ont donné leur feu vert, sous conditions
Alors qu'il s'y refusait jusqu'ici, Joe Biden a donné son aval jeudi pour que les Ukrainiens frappent des cibles sur le territoire russe proches de la région de Kharkiv, cible d'attaques incessantes depuis des mois. Le président américain "a approuvé [leur] utilisation pour cet objectif", a précisé vendredi le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken.
Cette décision marque un revirement pour les Etats-Unis, qui craignaient jusque-là qu'un tel feu vert n'entraîne l'Otan dans un conflit direct avec la Russie. Le soutien accru à l'Ukraine a été salué par Volodymyr Zelensky. "Il s'agit d'un pas en avant vers cet objectif (...) de défendre notre peuple qui vit dans les villages situés le long de la frontière", a-t-il dit vendredi, lors du troisième sommet Ukraine-Europe du Nord à Stockholm (Suède).
D'autres pays occidentaux ont également donné leur autorisation, notamment le Royaume-Uni, qui a franchi le pas début mai. L'Allemagne, de son côté, a estimé vendredi que les Ukrainiens pouvaient utiliser son armement contre des cibles militaires en Russie, notamment en réponse à l'offensive déclenchée le 10 mai par Moscou. La France a annoncé y être également favorable, tout comme les pays nordiques (Suède, Finlande, Norvège et Danemark).
Kiev espère toutefois convaincre ses alliés de lui accorder plus de liberté dans l'utilisation de ces armes. Volodymyr Zelensky a maintes fois estimé que le seul moyen de mettre fin au pilonnage de la région de Kharkiv était d'utiliser des armes occidentales à la portée supérieure. "Il ne s'agit pas d'une autorisation à 100%. Il y a des règles à respecter (...) Nous continuerons à travailler avec nos alliés sur l'élargissement de son champ d'application", a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kouleba. Un nouveau palier dans l'aide occidentale pourrait être franchi prochainement, avec l'envoi d'instructeurs, notamment français, pour former l'armée ukrainienne sur place.
L'Ukraine n'a pas tardé à faire usage de ces armes
Il n'a fallu que quelques jours après ces autorisations pour que l'Ukraine frappe des installations russes à l'aide d'un système d'artillerie de fabrication américaine. Cité par le New York Times, Yehor Cherniev, vice-président de la commission de la sécurité nationale, de la défense et du renseignement du Parlement ukrainien, a déclaré mardi que les forces ukrainiennes avaient détruit des lanceurs de missiles russes lors d'une frappe dans la région de Belgorod. Il a précisé qu'un système de lance-roquettes multiples américain Himars avait été utilisé.
Des médias ukrainiens ont, eux aussi, fait état de ces frappes. "L'armée ukrainienne a confirmé lundi que des frappes transfrontalières avaient eu lieu et que des cibles militaires avaient été touchées, mais a fourni peu de détails", écrit notamment le Kyiv Post.
La vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, a par ailleurs publié lundi sur Telegram la photo (depuis supprimée) d'un système de missiles sol-air russe en flammes, avec cette légende : "Il brûle bien. Premiers jours après l'autorisation d'utiliser des armes occidentales en territoire ennemi". Elle n'a toutefois pas précisé la provenance de l'artillerie utilisée. Des images d'un engin qui brûle ont aussi circulé sur le réseau social X, notamment partagées par des comptes ukrainiens et des spécialistes de l'investigation.
Sur Telegram, Volodymyr Zelensky a également remercié mardi "tous les partenaires qui aident au besoin" son pays. Il n'a toutefois pas confirmé l'utilisation effective d'armes occidentales pour frapper la Russie.
Moscou met en garde les alliés de Kiev
Après le feu vert des Etats-Unis, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré vendredi que des armements américains étaient "déjà utilisés pour tenter de frapper le territoire russe", y voyant la preuve du "degré d'implication des Etats-Unis dans ce conflit". Lundi, le vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a mis "en garde les responsables américains contre des erreurs de calcul qui pourraient avoir des conséquences fatales", a rapporté Courrier International, citant l'agence officielle Interfax.
Mais la Maison Blanche n'est pas la seule visée. Le Kremlin a dernièrement proféré des menaces à peine voilées contre les alliés de Kiev qui ont autorisé à faire usage d'armes occidentales. "Cette escalade permanente peut avoir de graves conséquences", a prévenu Vladimir Poutine le 28 mai. "En Europe, en particulier dans les petits pays, ils doivent réfléchir à ce avec quoi ils jouent", a-t-il ajouté.
La Russie n'exclut pas non plus de viser directement les éventuels instructeurs occidentaux envoyés en Ukraine. "Aucun instructeur s'occupant de la formation des militaires ukrainiens n'a d'immunité" face aux frappes, a lancé mardi Dmitri Peskov, ajoutant : "Peu importe qu'ils soient français ou non".
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