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Guerre en Ukraine : ce que l'on sait des vidéos de décapitations dont Kiev tient la Russie pour responsable

Une vidéo, apparue mercredi sur les réseaux sociaux, montre la décapitation d'un soldat portant le brassard caractéristique des forces ukrainiennes. Sur une autre, diffusée quelques jours plus tôt, apparaissent les corps mutilés de militaires.
Article rédigé par franceinfo
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'adresse à la presse lors d'un déplacement à Varsovie, en Pologne, le 5 avril 2023. (JAKUB PORZYCKI / NURPHOTO / AFP)

Volodymyr Zelensky a dénoncé, mercredi 12 avril, une nouvelle exaction de "monstres" russes, après la diffusion de deux vidéos montrant des violences contre des hommes vêtus comme des soldats ukrainiens. Kiev a ouvert une enquête préliminaire afin de dater et authentifier la plus récente, montrant la décapitation d'un homme dans une forêt, et les autorités cherchent à identifier la victime. Franceinfo résume ce que l'on sait de ces images.

Que montrent ces vidéos ?

Deux vidéos d'exactions sont apparues sur les réseaux sociaux en quelques jours. La première, diffusée le 8 avril, "montre les corps décapités de deux soldats ukrainiens près d'un véhicule militaire détruit", rapporte CNN*. Leurs mains semblent également avoir été coupées. Une personne hors champ, dont la voix "semble avoir été modifiée pour empêcher l'identification de l'auteur", déclare en russe que le véhicule a été endommagé par une mine. "Quelqu'un s'est approché d'eux et leur a coupé la tête", poursuit cette personne en riant.

Une autre vidéo, apparue mardi 11 avril sur des groupes de discussion prorusses sur les réseaux sociaux, montre la décapitation d'un homme en uniforme et portant un brassard jaune, caractéristique des militaires ukrainiens. Les images insoutenables durent une minute et quarante secondes. On y voit un autre homme, en tenue de camouflage, le visage masqué, portant "une bande de tissu blanc sur la jambe – un symbole communément associé à l'armée russe et aux combattants prorusses", rapporte Le Monde.

Cet homme masqué tranche le cou de sa victime, qui se débat au sol en hurlant d'agonie. Au bout de quelques secondes, les cris cessent et un homme derrière la caméra incite, en russe, le bourreau à "couper la tête" du soldat au sol. Ce dernier finit sa décapitation au couteau et montre la tête tranchée à la caméra. Le gilet de la victime, barré du trident ukrainien et d'une tête de mort, est également montré.

Depuis le début de l'invasion russe en février 2022, Kiev et Moscou s'accusent mutuellement de crimes contre des prisonniers de guerre. Début mars, une vidéo qui semble attester de l'exécution d'un soldat ukrainien par des militaires russes a provoqué un choc en Ukraine. Quelques mois plus tôt, le Kremlin s'était indigné de deux vidéos semblant montrer l'exécution par balles d'une dizaine de militaires russes qui s'étaient rendus aux forces ukrainiennes. Dans un rapport sur le conflit, l'ONU a accusé les deux camps d'avoir commis des exécutions sommaires de prisonniers et des crimes de guerre.

Ces images ont-elles été authentifiées ?

A ce stade, aucune de ces vidéos n'a pu être authentifiée de manière indépendante. Selon Le Monde, le lieu et la date des images de la décapitation "restent incertains". Mais le quotidien français et la chaîne américaine CNN soulignent que l'herbe verte et la végétation à l'arrière-plan laissent penser qu'elles ont pu être tournées durant l'été 2022 et diffusées des mois plus tard. Le média indépendant russe The Insider* ajoute que cette vidéo a d'abord été partagée sur le canal Telegram de Vladislav Pozdniakov, une figure ultranationaliste russe. Selon un message de la vice-ministre ukrainienne de la Défense publié sur Telegram, les autorités font "tout [leur] possible pour identifier le défunt".

L'autre vidéo, montrant deux corps décapités, pourrait être plus récente, affirme CNN. Selon la chaîne américaine, les images auraient été tournées par des mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner. Des messages postés sur les réseaux sociaux russes rapportent qu'elles ont été filmées près de Bakhmout, ville du Donbass qui est le théâtre de violents affrontements entre les forces russes et ukrainiennes. La véracité de ces informations n'a toutefois pas pu être confirmée, ni indépendamment, ni par CNN.

Quelles sont les réactions internationales ?

Dans une vidéo publiée sur Instagram, Volodymyr Zelensky a accusé la Russie d'être responsable de ces exactions. "Comme ces monstres tuent facilement. Cette vidéo de l'exécution d'un prisonnier de guerre ukrainien, le monde doit le voir. C'est une vidéo de la Russie comme elle est", a affirmé le président ukrainien. "C'était [déjà] comme ça à Boutcha. Des milliers de fois", a-t-il ajouté, en référence aux massacres de civils découverts dans cette ville de la banlieue de Kiev au printemps 2022. Le Service ukrainien de sécurité (SBU) a annoncé avoir ouvert une enquête sur ce "crime de guerre".

"Il s'agit bien sûr d'images horribles", a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d'une conférence de presse mercredi. "Dans le monde de 'fakes' [fausses informations] dans lequel nous vivons, il faut s'assurer de l'authenticité de cette vidéo", a-t-il toutefois estimé. Depuis le début du conflit, les responsables russes ont systématiquement nié toute implication de leurs troupes dans des crimes de guerre, accusant l'Ukraine d'orchestrer des mises en scène.

Ces images ont également suscité de vives réactions du reste de la communauté internationale. La mission de l'ONU à Kiev s'est dite "horrifiée". "Malheureusement, ce n'est pas un évènement isolé", a-t-elle déploré, exigeant une enquête sur ces exactions. La France a dénoncé "un acte barbare" et une "atteinte insoutenable à la dignité humaine". De son côté, le président du Conseil européen, Charles Michel, a déclaré sur Twitter être "mortifié par [cette] vidéo atroce". L'UE demandera "des comptes à tous les auteurs et complices de crimes de guerre", a ajouté une porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

* Les liens signalés par des astérisques renvoient vers des contenus en anglais.

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